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Disparition de Daniel Spoerri, l'un des derniers Nouveaux Réalistes

Disparition de Daniel Spoerri, l'un des derniers Nouveaux Réalistes
Daniel Spoerri, Aktion Rest (Tableau Piège), 1972, mixed media.
© Adagp, Paris, 2024. Photo : Christie's Images / Bridgeman Images.

Le Centre Pompidou a annoncé ce 6 novembre la disparition de l’artiste suisse Daniel Spoerri, à l’âge de 94 ans. Habité par un esprit dadaïste, comptant en 1960 parmi les neuf signataires de la déclaration constitutive du Nouveau Réalisme (dont le seul toujours en vie est désormais Martial Raysse), fondateur du « Eat Art », où les rebuts alimentaires de la société de consommation se trouvent érigés en objets d’art dans ses fameux Tableaux-pièges, Daniel Spoerri fut tour à tour danseur, metteur en scène, poète et commissaire d’exposition. De son vrai nom Daniel Isaak Feinstein, Spoerri naît en 1930 à Galati, en Roumanie, sur les bords du Danube. Son père, juif converti au protestantisme, est déporté en 1941. Sa mère, d’origine suisse, rapatrie alors la famille à Zurich. Le jeune homme rencontre Jean Tinguely à Berne en 1949, puis devient premier danseur des opéras de Berne (1954) et de Darmstadt (1957). En 1956, il connaît le succès en tant que metteur en scène de la pièce surréaliste de Picasso, Le Désir attrapé par la queue. Installé à Paris dès 1959, Daniel Spoerri devient une figure incontournable du monde de l’art. En 1960, il est commissaire de l’exposition « Multiple Art Transformable – Art cinétique » au Museum für Gestaltung de Zurich, où s’affirme son goût pour les multiples en tant qu’éditeur aux côtés de Pol Bury, Soto et Tinguely. C'est à partir de 1963​​​​​ ​​que l'artiste entérine le protocole de ses Tableaux-pièges : « Un tableau-piège est la reconstitution d’une scène à un moment précis, comme les banquets que j’organise. » Les assiettes, couverts, emballages et restes se trouvent fixés sur la table et exposés. Ce coup artistique se prolonge dans un restaurant de Düsseldorf que Spoerri dirige de 1968 à 1972, où les clients les plus fortunés repartent avec leur propre œuvre ! Son goût pour les objets chinés s’affiche dans la série Détrompe-l’œil, et dans l’exposition fétichiste « Musée sentimental », qu’il monte au Centre Pompidou en 1977. L’institution, qui lui a dédié sa première rétrospective en 1990, détient aujourd'hui 25 de ses œuvres. En 1997, Daniel Spoerri créa un jardin de sculptures à Seggiano, en Toscane, avant de s’installer en Italie en 2005. Le Kunst Haus de Vienne (2003) et le MAMAC de Nice (2021) lui ont également offert des rétrospectives.

Daniel Spoerri.
Daniel Spoerri.
MARIO VEDDER / DDP / DDP IMAGES FOR AFP.

Article issu de l'édition N°2929