« Ne m'abandonne pas » : l'injonction désespérée qui donne son titre à l'exposition Louise Bourgeois organisée au Museo Novecento de Florence donne immédiatement le ton. Pour cette première rétrospective dans la cité toscane (que complète une Cellule exposée au Museo degli Innocenti), les commissaires Philip Larratt-Smith et Sergio Risaliti ont fait le choix de mettre l'accent sur les aspects les plus torturés de l'œuvre de l'artiste franco-américaine décédée en 2010. Sont convoqués plus particulièrement, dans ce bâtiment qui accueillit pendant plusieurs siècles un hôpital tenu par des femmes, une centaine d'œuvres parmi les dernières gouaches rouge sang réalisées par Louise Bourgeois. À 90 ans passés, l'artiste s'entêtait toujours dans la représentation post-traumatique de la condition de mère-fille-épouse, dans des lavis par dizaines, dont la répétition comme la dilution évoquent la dissolution du corps et de la santé mentale, dans un cycle sans fin couple-sexualité-procréation-gestation-naissance-maternité-nourrissement-famille, etc. Une Cellule anxiogène au titre enfantin (Peaux de lapins, chiffons ferrailles à vendre, en français), ainsi que des sculptures en tissu, marbre (une surprenante baignoire aux parois tapissées de seins) et métal (dans le cloître, un couple d'araignées dont on ne sait si elles copulent ou s'entre-dévorent) matérialisent dans le dur une exploration plastique, qui à chaque exposition, se révèle plus encore inépuisable.
« Louise Bourgeois. Do Not Abandon Me », Museo Novecento, Florence, jusqu'au 20 octobre.
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