En cette année marquant le 70e anniversaire de la Convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, signée le 14 mai 1954 à La Haye – et ratifiée par la Suisse en 1962 –, le musée d'art et d'histoire (MAH) de Genève pose la question du rôle du musée dans ce contexte. C’est que, depuis 17 ans, il accueille 529 objets appartenant à l'Autorité nationale palestinienne, racontant la richesse de l'histoire de Gaza, de l'âge du bronze à l'époque ottomane. Ces objets (amphores, statuettes, stèles funéraires, lampes à huile, figurines...) ont été exposés en 2006 dans l'exposition « Gaza à la croisée des civilisations » au MAH et devaient constituer sur place le noyau d'un musée d'archéologie qui n'a jamais pu voir le jour. Depuis, ils restent stockés dans des caisses et dans des hangars sécurisés. Aujourd'hui, 44 objets en sortent pour rappeler le rôle du musée comme terre d'accueil de ce « patrimoine en péril » et la responsabilité des pays signataires de la Convention. Certains de ces objets appartenaient à l'entrepreneur Jawdat Khoudary, qui les a cédés en 2018 à l'Autorité nationale palestinienne, et qui a vu le reste de sa collection, demeurée dans le nord de Gaza, détruite ou pillée. Au 17 septembre, l'UNESCO avait observé des dommages sur 69 sites culturels depuis le début de la guerre, en se basant sur des images satellitaires : dix sites religieux (dont l'église grecque orthodoxe de Saint-Porphyre détruite le 19 octobre 2024), 43 bâtiments d'intérêt historique et/ou artistique, sept sites archéologiques, six monuments, deux dépôts de biens culturels mobiliers et un musée.
« Patrimoine en péril », du 5 octobre au 9 février, au musée d'Art et d'Histoire, Genève.