Forgé au fil des siècles, l’art autochtone est la manifestation d’une tradition riche et vivante au Brésil. Ses artistes, principalement des femmes, sont confrontés au manque de ressources éducatives et financières qui limitent l’expansion et la reconnaissance de leur travail. Pour pallier ces difficultés, des associations locales ont vu le jour afin de renforcer leur voix, promouvoir leur travail et protéger leurs créations par le droit d’auteur. Dans l’État du Pará, la coopérative Menire (femme, en langue Xikrin) est la première marque d’art et d'artisanat créée par des femmes indigènes dans le pays, dont les créations sont vendues dans des boutiques partenaires ou via Instagram. Quiconque achète des peintures, esquisses, sacs ou bijoux produits par Menire a accès à un QR code avec la photo de l’artisane, ainsi qu’un lien renvoyant vers l’histoire et la culture Xikrin. L’objectif est de générer des ressources pour la communauté, tout en réduisant le besoin d’aide extérieure. Menire, qui travaille sur un projet pilote afin d’exporter ses objets vers les États-Unis et s’étendre à d’autres artisans autochtones de la région, investit 10 % de son capital dans des formations dispensées aux femmes Xikrin, telles que la couture ou la peinture. C’est grâce à l’arrivée d’internet dans les communautés autochtones que le développement de ces coopératives s'est accéléré (en l’espace d’un an, les antennes paraboliques Starlink de SpaceX – la société d'Elon Musk – ont couvert près de 97 % de l’Amazonie). Pour dynamiser cette nouvelle économie, le gouvernement brésilien a créé en 2024 un sceau électronique qui permet d’identifier l’origine des articles. L’objectif est d’éviter les contrefaçons qui, vendues comme « durables », proviennent en réalité de territoires défavorisés. Au-delà du lien de confiance, les coopératives de femmes sont des nouveaux modèles dans la bioéconomie amazonienne qui intègre l’environnement et les droits des autochtones dans la lutte contre la déforestation.