Tout le monde debout ! L’heure de la huitième édition d’« Un Été au Havre » a sonné. Ce festival, lancé en 2017 pour célébrer et réveiller le patrimoine de la ville normande, revient sous la direction artistique de Gaël Charbau qui a repris le flambeau de Jean Blaise l’an passé et qui sera aux manettes encore deux ans. Aux dix-huit étapes permanentes (Catène de containers de Vincent Ganivet, Up#3 de Sabina Lang et Daniel Baumann, Sisyphus Casemate d’Henrique Oliveira…) s’ajoutent douze installations nouvelles, dont trois vouées à rester. Ainsi de La Lune s’est posée au Havre d’Arthur Gosse. Il s’agit de la version en résine et fibre de verre d’une œuvre montrée pour la première fois en 2021. À la demande générale, la revoilà sur l’un des bassins du square Saint-Roch. L’artiste y voit un parallèle entre Le Havre, bombardé en 1944, et le satellite endommagé par des débris stellaires. Sa robe grise évoque le béton caractéristique de l’architecture Perret, qui domine les environs. Le come-back de cette sphère plébiscitée peut être perçu comme le symbole de cette saison 2024, qui incite à une déambulation diurne, bien sûr, mais aussi nocturne. Cette année, plusieurs œuvres ressortent dans l’obscurité. Sur les façades des Bains des Docks et de la Bibliothèque Universitaire se détachent deux vers de Joël Andrianomearisoa, discrets le jour, éclatants la nuit : Sur la vague infinie se joue le théâtre de nos affections et Sur le crépuscule du temps se dessinent nos promesses éternelles s’inscrivent dans l’ « alphabet de nos sentiments ». Sur une pelouse de l’avenue Foch, Emmanuelle Ducrocq a coiffé des mâts de tailles variées de chaises récupérées aux quatre coins de la ville. Ces assises ont été recouvertes d’un vernis photosensible, pour ne pas dire fluorescent. On doit à Josselin Desbois, étudiant à l’ESADHaR, d’avoir égayé les plafonds de passages d’immeubles d’un éclairage bleuté dont l’intensité varie selon la puissance du vent. De quoi attirer les piétons qui ne les connaissaient pas ou n’osent s’y aventurer à la tombée du soir. Cette installation interroge notre rapport à l’environnement, de même que l’Hôtel des oiseaux que la plasticienne argentine Ad Minoliti propose dans les Jardins suspendus, structure de sept mètres derrière laquelle se cachent des nichoirs et abreuvoirs destinés aux volatiles assoiffés ou fatigués. Fermez les yeux, respirez...Coupez notifications et alarmes : on voudrait que cette pause, en plein air, ne s’arrête jamais.
« Un Été au Havre », jusqu'au 22 septembre uneteauhavre.fr