En parallèle du lancement d'un inventaire des collections nationales concernant les biens saisis pendant la guerre civile et le franquisme, le ministère de la Culture espagnol annonçait en début d'année sa volonté de promouvoir un processus qui « permettrait de dépasser un cadre colonial ancré dans l’inertie et l'ethnocentrisme qui ont entravé la perception du patrimoine, de l’histoire et de l’héritage artistique ». Cette politique souhaitée par le ministre Ernest Urtasun (Gauche verte) du gouvernement de Pedro Sánchez (Parti socialiste ouvrier), après avoir été mise entre parenthèses par son prédécesseur Miquel Iceta, débute avec le Museo Nacional de Antropología et le Museo de América, à Madrid. Deux groupes d'experts, incluant du personnel technique et des conseillers extérieurs, ont débuté une réflexion pour la refonte de la présentation de leurs collections permanentes, qui devrait être achevée en 2025. Dans un communiqué publié le 8 juillet, le ministère espagnol affirme que la décolonisation consiste à « moderniser et enrichir la connaissance des collections », en conformité avec les engagements internationaux et les nouvelles directives du Comité international des musées (ICOM) sur « la diversité culturelle et la participation communautaire (dans) le renouvellement des discours muséographiques ». Il souligne que le Museo Nacional de Antropología et le Museo de América explorent depuis longtemps ce changement de perspective à travers leurs expositions et activités, et qu'il est temps qu'il soit appliqué dans les expositions permanentes. Parmi les experts sollicités : des universitaires, des professionnels de l'art, des artistes internationaux et des membres des communautés concernées, « dont la participation est nécessaire à une construction plurielle de tels discours », souligne le cabinet d'Ernest Urtasun.