Le 13 mars 2020, alors que düsseldorf photo+ donnait son coup d’envoi, le confinement était annoncé en Allemagne. La première édition de la biennale aura duré moins de 24h. « Ce n’est pas plus mal, sourit Stephan Machac, attaché culturel de la ville en charge de la photographie – premier poste de la sorte en Allemagne, créé en 2021. Ça nous a laissé le temps de construire quelque chose de plus affermi après avoir mis un pied à l’étrier. La première édition a fédéré le réseau, la deuxième a inauguré une exposition centrale, et la troisième le premier colloque. C’est une biennale qui grandit en se faisant. » En à peine quatre ans, l’événement, né d’un collectif d’artistes, curateurs et galeristes, a pris de l’ampleur et donné un véritable élan institutionnel autour de la notion de « ville photo ». En 2020, le prix bisannuel Bernd et Hilla Becher était lancé. Fondé et financé par la ville, il soutient un artiste établi pour son apport à la photographie (15 000 euros, dernière lauréate Carrie Mae Weems) et un jeune talent (5 000 euros, dernière lauréate Hannah Darabi). En 2022, la ville publiait le premier livre retraçant l’histoire de la photographie dans la ville et sa portée contemporaine. En 2023, le dossier de candidature de Düsseldorf pour la création de l’Institut allemand de photographie (Deutsches Fotoinstitut, DFI) était confirmé et une commission de création, visant à définir la structure et les détails de ses missions, était annoncée.
Autant d’initiatives qui visent à clarifier et consolider la place particulière qu’occupe à Düsseldorf la photographie, où elle est théorisée et pratiquée depuis les années 1970 comme un médium à part entière, une fin autant qu’un moyen. La dimension globale de la notion de photographie que promeut la scène locale se reflète dans le nom de la biennale photo+, dont cette troisième édition a pour thème « On reality ». L’événement « observe la photographie comme une ''technique culturelle'' quotidienne, explique sa co-curatrice et cofondatrice, Pola…