« À la dame Tanit, face de Baal, et au seigneur Baal Hammon »... est l’une des formules introductives adressées aux anciennes divinités tutélaires, Tanit et Baal Hammon, de la cité punique de Carthage, en Tunisie. Ces inscriptions figurent sur des stèles votives (ex-voto), déposées à l’origine dans un enclos à ciel ouvert, faisant office à la fois de sanctuaire et de nécropole, et désigné par le terme biblique de tophet. L’exposition « Carthage et son sanctuaire, des stèles pour la déesse Tanit », au sein du département des Antiquités orientales du Louvre, présente dans un espace dédié (salle 313), une sélection de stèles des IIIe et IIe siècles avant J.-C., objets et mobilier liés à ce culte punique. Elle fait suite à une longue recherche pluridisciplinaire associant des analyses iconographiques, stylistiques, épigraphiques et historiques. Selon la commissaire Hélène Le Meaux, le Corpus Inscriptionum Semiticarum, volume épigraphique réalisé par Ernest Renan en 1867, et dont on peut admirer certains estampages, « a été extrêmement précieux malgré son ancienneté et a permis notamment dans le cadre de cette étude de réassocier un certain nombre de fragments entre eux ». En parallèle, une campagne de restauration par microsablage sur des pièces, pour l’essentiel en calcaire marbrier, a été réalisée au centre de conservation de Liévin. Aux inscriptions en punique (langue sémitique) sur la plupart des stèles à fronton s’ajoutent un certain nombre de motifs gravés ou sculptés en relief, témoignant d’une iconographie dérivée notamment des mondes phénicien et grec classique. On y retrouve principalement la main levée, le caducée, le signe de Tanit (le plus caractéristique de la religion punique), des références aux végétaux (grenade, fleur de lotus, palmier, raisin, blé), aux animaux (bélier, mouton) ou encore aux astres (soleil). Le corpus du Louvre comprend 1 420 stèles puniques, qui proviennent de missions archéologiques de la fin du XIXe siècle, dont la principale fut celle d’Évariste Pricot de Sainte-Marie. Il est le plus important en nombre avec celui du musée national de Carthage, actuellement en travaux pour rénovation.