Collection Renault, une vente qui fait des vagues

Restée dormante pendant quelques années, la collection Renault aura attiré tous les regards avec son grand retour... en annonçant le départ de 33 œuvres, signées entre autres « Jean Dubuffet, Niki de Saint Phalle, Victor Vasarely, Robert Rauschenberg, Sam Francis ou Jean Fautrier. Excusez du peu. Nul doute que des spéculateurs sauront en tirer profit », tonne le syndicat Sud Renault-Ampère dans une lettre à la direction datant du 3 juin. Comme la tribune parue le 28 mai dans Le Monde, signée par une dizaine d'ayants droit et d'artistes concernés par l'affaire, la lettre du syndicat, appuyée par une seconde lettre de la CGT Renault, rappelle le bien-fondé de cette collection à vocation sociale, lancée en 1967 à l'initiative du cadre dirigeant Claude Renard. Cet ami de Malraux fait la découverte, lors d'un voyage prolongé aux Etats-Unis, du système de mécénat d'entreprise en place dans le pays, à l'exemple de la collection Chase Manhattan de JPMorgan. L'inauguration du service « Recherche art et industrie » de Renault marque la première politique de mécénat de ce type dans l'Hexagone. L'entreprise met d'abord à disposition d'Arman les matériaux de production des usines, avant de passer commandes auprès d'artistes contemporains pour les espaces communs et bureaux des travailleurs, qui déjeunent désormais avec vue sur une fresque de Julio Le Parc, tandis que Jean Dewasne, Jesús-Rafael Soto et Vasarely ornent les étages et que Jean Dubuffet investit les salons de la direction générale. Des œuvres achetées « directement aux artistes dans des conditions très particulières, sous la réserve qu’elles ne soient pas vendues dans le commerce et ne fassent l’objet d’aucune opération spéculative », atteste une note écrite en 1976 par Marc Ouin, alors secrétaire général de la Régie. Plusieurs contrats passés entre artistes et institution confirment leur caractère indissociable et inaliénable. Des…