« Le lancement d’un salon, c’est comme le lancement d’une entreprise, il faut 3 à 5 ans pour pérenniser l’opération » lance assuré Jean-Daniel Compain. Il est vrai que le fondateur de BAD+ Bordeaux Art & Design a toutes les raisons d’être confiant étant donné le tournant que prend cette 3e édition avec une nouvelle directrice artistique, Marie Maertens et une nouvelle commissaire adjointe, Haily Grenet. Cette équipe a impulsé des nouveaux projets, comme les résidences d’artistes (voir page 8) et la création de deux prix d’art et de design (voir page 10), une dynamique qui a attiré de nouvelles galeries d’envergure, tels que Éric Mouchet (Paris et Bruxelles), Harlan Levey Project (Bruxelles), Véronique Smagghe (Paris) ou la Patinoire Royale Valérie Bach (Bruxelles). La ville, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco et comportant 347 bâtiments classés, offre de nombreux atouts comme le détaille Valérie Bach : « La scène artistique de Bordeaux se révèle être un véritable aimant pour l’art contemporain, dotée d’une vitalité culturelle et d’un héritage artistique profond. En tant que native d’Arcachon, j’ai une connaissance intime de la région et je suis honorée de contribuer à l’essor de cette ville au potentiel attractif indéniable, notamment grâce à ses magnifiques domaines viticoles qui ajoutent une touche de grandeur à sa renommée. » D’autres comme Mia Karlova (Amsterdam) l’ont compris également au point de faire partie des fidèles : « Nous sommes heureux de revenir à BAD+ Bordeaux Art & Design pour la troisième fois. Pour nous, la foire est importante car son ADN est de développer un dialogue entre l’art et le design, ce qui correspond au profil de la galerie. Le salon est encore jeune et en pleine croissance et nous avons constaté une croissance évidente du nombre de visiteurs l’année dernière. »
Terre de collectionneurs
À travers près de 40 galeries cette année, la foire réussit à maintenir un équilibre entre un ancrage régional fort, que ce soit à travers le programme « L’Art dans la Ville » qui nous emmène jusque dans les châteaux viticoles ou la sélection des galeries locales (Bakery, Caroline Canon, Jaf, Laurence Pustetto...), tout en impulsant une dimension internationale avec les propositions d’Alisa Gallery de Dubaï, HDM Gallery de Pékin (tout en ayant ouvert une antenne à Paris en 2021), ArtRu de Moscou, Berlin Galeria de Séville, Álvaro Alcázar de Madrid ou Nadja Vilenne de Liège. Certaines galeries prennent en compte le territoire plus précisément, comme Anne-Sarah Bénichou qui a sélectionné « notamment des œuvres de Valérie Mréjen qui aura également une exposition personnelle au Frac Nouvelle Aquitaine MÉCA. » La nouveauté à pointer également cette année est la présentation même de la foire, comme le précise Haily Grenet : « Notre objectif scénographique cette année a été de décloisonner Bordeaux Art & Design pour en faire un salon généraliste traversé par des courants historiques forts comme la peinture française des années 70 à aujourd’hui par exemple, mais aussi un focus sur des artistes américains, que le public pourra retrouver au gré de différents parcours. »
De nombreux collectionneurs soutiennent déjà la foire, qu’ils soient propriétaires de grands châteaux (Château Smith Haut Lafitte, Chasse-Spleen, Kirwan...) ou plus discrets.
La foire invite ainsi un grand collectionneur de la région à partager une partie de son univers et de sa collection autour de la thématique Body Langage. On y verra des pièces de Dan Witz, Giulia Andreani, Liu Bolin ou encore Luboš Plný. Bordeaux, terre de collectionneurs a donc désormais sa foire qui devient un atout culturel, touristique et économique avec ses presque 7 000 visiteurs. « Dès la première édition, la ville et toutes ses institutions nous ont apporté un soutien formidable qui ne pourra que se développer au fil des ans afin de donner à Bordeaux et son salon, une place incontournable dans le calendrier international », conclut Jean-Daniel Compain.