À l’occasion des 150 ans de la naissance de l’impressionnisme, le MUba de Tourcoing offre une magnifique réunion de paysages réalisés, le plus souvent sur le motif, par les peintres affiliés au mouvement dans son acception large (du pré-impressionnisme d’un Boudin, Daubigny ou Huet, au néo-impressionnisme d’un Gauguin ou Sérusier). Provenant des collections du musée d’Orsay, les quelque 60 toiles sont toutes des pièces de première importance, pour un agréable parcours en cinq chapitres. Ainsi, dans la première partie consacrée à l’émergence de la touche divisionniste et à l’éclaircissement de la palette, les empâtements blancs du ciel posés à la spatule dans la Moisson de Charles-François Daubigny (1851) répondent à la « facture très esquissée, déjà très libre » (selon le co-commissaire Paul Perrin) des ciels de Paul Huet. Ou des jeux de reflets dans En Hollande, les barques près du moulin de Johan Barthold Jongkind peintes en 1868, tandis qu’une parcelle de la Forêt de Fontainebleau peinte par Frédéric Bazile en 1865 témoigne, par son « cadrage naturel », de « l’absence de recherche du sublime ». De Monet en Renoir, de Pissarro en Sisley, les chefs-d’œuvre égrènent ensuite les « motifs » de prédilection des chasseurs d’impressions fugitives, depuis les paysages d’eau jusqu’aux paysages urbains. Une balade toute de foisonnement et de fluidité s’achevant, avec la dissolution du contour, au plus près de l’informe (avec Monet) ou de la simplification à l’extrême – avec les Nabis, dont deux icônes clôturent l’exposition : le Clair de lune de Félix Vallotton et la Tache de soleil sur la terrasse de Maurice Denis.
« Peindre la nature. Paysages impressionnistes du musée d’Orsay », jusqu’au 24 juin au MUba Eugène Leroy, 2, rue Paul Doumer, 59200 Tourcoing.
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