Le Quotidien de l'Art

Art contemporain africain : un marché en pleine métamorphose

Art contemporain africain : un marché en pleine métamorphose
Zohra Opoku dans son studio à la fondation Black Rock à Dakar.
© 2020 Kehinde Wiley and Black Rock Senegal. Photographer: Abdoulaye Ndao.

Après deux ans d’embellie, est-ce la fin des réjouissances pour le marché de l'art contemporain africain ? Malgré un ralentissement général du marché, les inquiétudes spéculatives laissent place à une consolidation en cours, visible à travers une volonté de structuration de l’écosystème artistique, une demande qui reste robuste et une visibilité étendue des artistes. 

Beaucoup connaissent aujourd'hui les portraits de l’artiste ghanéen Amoako Boafo, devenu l’étendard d’un style qui allie mode du portrait noir et fureur des enchères. Inconnu il y a cinq ans, il est le symbole de la percée des artistes africains sur la scène internationale. Archétype également de notre société de consommation d’images, puisqu'il est découvert sur Instagram par la galeriste Mariane Ibrahim. Celle-ci l’expose à Art Basel Miami en 2019, où ses toiles se vendent déjà autour de 30 000 dollars. En décembre 2021, Christie’s vend une de ses œuvres 3,4 millions de dollars. Un passage fulgurant du premier au second marché qui profitera aux imitateurs de son style. « Il y a dix ans, on aurait trouvé choquant d’acheter aux enchères un tableau l’année de sa création, mais c'est un phénomène spéculatif. Aujourd’hui, il y a une histoire de l’art à raconter, notamment au regard des inspirations africaines »analyse le galeriste parisien Christophe Person.

D’autant que cet engouement a promu un style adapté aux collectionneurs occidentaux, qui ne reflète pas la réalité de l’art africain. L’an dernier, l’exposition « When We See Us: A Century of Black Figuration in Painting » organisée au Zeitz MOCAA du Cap en Afrique du Sud – visible au Kunstmuseum de Bâle de mai à octobre 2024 – rassemblait 154 artistes du continent et de la diaspora africaine. Elle tissait une histoire des mouvements et traditions picturales noires, depuis les œuvres des pionniers, le Nigérian Ben Enwonwu ou le Congolais Chéri Samba, à celles plus récentes de l’Américaine Mickalene Thomas ou de la Nigériane Njideka Akunyili Crosby. Cette dernière, née en 1983, totalise 25,6 millions de dollars pour 21 œuvres vendues depuis qu’elle est apparue aux enchères en 2017, la plaçant parmi les dix artistes africains les mieux vendus de la dernière décennie aux côtés de Boafo. L’ambition curatoriale de l’exposition retrace une histoire du black portrait en éclairant le propos au-delà d’une tendance de marché. Dans la même veine, en 2023, l’exposition de la Tate Modern de Londres « Common Contemporary African Photography » prenait aussi un recul historique.

Fin de la bulle spéculative ? 

« Depuis mi-2020, nous avons assisté à un regain d'intérêt pour l'Afrique et la diaspora, après la mort tragique de George Floyd et la résurgence du mouvement…

Art contemporain africain : un marché en pleine métamorphose
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Article issu de l'édition N°2808