Le pari était à parts égales osé et ambitieux, notamment en raison de la complexité de la pensée lacanienne, dont la terminologie absconse risquait de dérouter le grand public. Placée sous le commissariat de Marie-Laure Bernadac et Bernard Marcadé, qui ont collaboré à l’occasion avec les psychanalystes Gérard Wajcman et Paz Corona, l'exposition demeure toutefois accessible malgré sa densité : elle mêle des œuvres issues d’une vaste période chronologique (Le Caravage, André Masson, Maurizio Cattelan...) articulées autour des notions clé de le pensée lacanienne, dont un court topo est affiché à l'entrée de chaque salle. Se dévoile ainsi en filigrane le regard du psychiatre-psychanalyste sur l'art, qui fut aussi collectionneur (il possédait notamment l'Origine du Monde de Courbet) ; ainsi que l’influence plus ou moins directe que ce dernier a exercée sur des artistes de son époque et, de manière posthume, sur des plasticiens contemporains. Michelangelo Pistoletto s’inscrit ainsi naturellement dans la section « Stade Miroir » (concept évoquant le stade formateur de la fonction sujet, ou du « je ») tandis que le poignant court-métrage de Niki de Saint Phalle mettant en scène la mort de son père constitue l’un des points d’orgue de la section consacrée à la notion de « Nom-du-Père » (comprendre la fonction symbolique du père). Une porte d’entrée sensible au foisonnant corpus de Lacan qui révèle la fascination, à travers les époques et les mouvements, envers la part souterraine de l'humanité, dont la psychanalyse propose un éclairage inédit des complexités et contradictions.
« Lacan, l'exposition. Quand l'art rencontre la psychanalyse » au Centre Pompidou Metz, jusqu'au 27 mai 2024.
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