Le Quotidien de l'Art

Au Brésil, un champ culturel à la croisée des chemins

Au Brésil, un champ culturel à la croisée des chemins
L’installation de Daniel Lie, Outres (2023), 35e Biennale de São Paulo.
© Levi Fanan / Fundação Bienal de São Paulo.

Entre invisibilisation et « ultravisiblité » des populations minorisées, l'art au Brésil constitue un terrain de luttes culturelles décoloniales où se réinvente le rôle des institutions. Analyse.

Ces dernières années, les expositions dites « historiques » et les « premières » se succèdent à un rythme rapide dans le champ culturel brésilien. En 2022, lorsque Diane Lima, Grada Kilomba et Hélio Menezes sont désignés commissaires de la 35e Biennale de São Paulo aux côtés de Manuel Borja Villel, c’est la première fois que des personnalités afro-descendantes accèdent à cette responsabilité. L’année suivante, le MASP de São Paulo choisissait d’organiser toute sa programmation autour des « histoires indigènes », un geste inédit suscitant expositions et séminaires autour des pratiques artistiques autochtones.

Il n’en a pas toujours été ainsi au Brésil. Pour la curatrice Izabela Pucu, les grandes manifestations de 2013 « furent une étape importante, parce qu’elles ont mis en crise les représentations collectives ». Des millions de personnes étaient alors descendues dans la rue pour formuler des demandes extrêmement variées, allant de meilleurs services publics aux revendications dites identitaires. Malgré les résistances et les tensions, « la maturité des mouvements sociaux, rendue possible par les programmes sociaux des premiers gouvernements Lula, a permis que ces personnes disputent le champ hégémonique ». Depuis, un souffle d’une puissance inédite a balayé le champ artistique brésilien. Une dynamique dans laquelle se mêlent une intensification des luttes politiques et culturelles, une part indéniable de volontarisme, et les intérêts bien compris d’institutions souhaitant préserver leur réputation.

Un enjeu de représentation ?

Dans cette nouvelle situation, les évolutions les plus visibles se sont probablement situées du côté du désir d’auto-représentation et du besoin de nouvelles images. Ceci a ouvert la voie à la vogue des jeunes artistes noirs pratiquant une peinture figurative, dont Maxwell Alexandre, né en 1990 (lire notre entretien, ndlr), est probablement la figure de proue. Sa série « Novo poder » (2021), montrant des personnages noirs dans les white cubes de l’art contemporain, lui…

Au Brésil, un champ culturel à la croisée des chemins
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Article issu de l'édition N°2799