Habiter le monde autrement et repenser les fondamentaux. Les expositions de Tomás Saraceno militent pour ce changement de paradigme et pour dépasser la logique capitaliste. Régentée par une course au profit, elle a pour corollaire la destruction à marche forcée de l'environnement et des territoires autochtones. L'exposition de l'Espace Muraille met tout particulièrement en avant le projet de l'artiste argentin baptisé « Aerocene Pacha », pour lequel il invente une nouvelle façon de voyager, dans des « sculptures volantes » alimentées à l'air chauffé grâce à l'énergie solaire, donc sans matières fossiles. Ses différents vols ont été couronnés de 32 records – dont celui du vol le plus haut, à 677,85 mètres, sur Cameron Balloons Z-215 le 25 janvier 2020 à Salinas Grandes, dans le nord de l'Argentine –, avec pour pilote Leticia Noemi Marqués. Ce projet défend également les populations de cette province où se sont déroulés les vols, épicentre de la ruée sur le lithium. Les techniques d'extraction des industries minières nécessitent des quantités d'eau astronomiques, ce qui met en péril la vie des autochtones. Le film Fly with Pacha, Into the Aerocene, diffusé à la fin du parcours, met en parallèle les deux – les tentatives de vols et la colère des populations, dont les propos tombent comme une évidence : « La technologie avance et elle détruit le monde. » L'exposition présente également des sculptures flottantes – Pneuma, composée de sphères en verre soufflé, et Cloud Cities, des architectures utopistes pour un urbanisme durable – et des dessins « cosignés » avec les araignées. Enfin, le titre de l'exposition « Life of Webs » est un clin d'œil à celle que la Serpentine Gallery, à Londres, a organisé en 2023, « Web[s] of Life », et qu'avaient mécénée Caroline et Éric Freymond, fondateurs de l'Espace Muraille et soutiens de The Aerocene Foundation. Ceci explique cela.
« Tomás Saraceno. Life of Webs », jusqu'au 13 avril 2024
Espace Muraille, 5, place des Casemates, 1211 Genève, Suisse
espacemuraille.com