Le Quotidien de l'Art

Permaculture, le modèle écologique qui réinvente la culture

Permaculture, le modèle écologique qui réinvente la culture
Le projet Vive le Rhône par least en 2023.
© Vinny Jones.

Du Palais de Tokyo, à Paris, à Least, à Genève, des structures culturelles en Europe s'inspirent de la permaculture – modèle agricole qui travaille avec et non contre les écosystèmes – pour se renouveler. Témoignages.

La crise écologique – et avec elle les crises sociale et économique – pousse les institutions culturelles, elles aussi, à réfléchir à leur durabilité. Le secteur vit sa désillusion : manque de solidarité, conditions de travail abusives, financements à court terme, compréhension superficielle de la diversité et des préoccupations intersectionnelles, structures hiérarchiques rigides... Un fonctionnement qui reflète tristement l'économie néolibérale, où d'autres alternatives semblent difficiles à faire émerger et surtout à accompagner. Revoir les orientations des institutions culturelles afin de présenter une vision durable suppose de remettre en question les pratiques existantes, freiner la surproduction et repenser les modalités pour faire relation. Imaginer des écologies de travail et de pratique – non plus uniquement comme sujets mais aussi comme méthodes – est la nouvelle piste à explorer. 

Communément admise comme technique agricole alternative, la permaculture est aussi une philosophie. Contraction de « culture » et de « permanence », elle est inventée dans les années 1970 par les scientifiques David Holmgren et Bill Mollison, au moment de l’industrialisation intensive des terres. Aujourd’hui, le terme dépasse son acception originelle et se propose comme une solution plus globale : travailler avec, plutôt que contre, les écosystèmes dont l'humain fait partie et dont il dépend. La permaculture suggère de penser à long terme, en mettant au premier plan l'observation prolongée et réfléchie plutôt que le travail extractif et irréfléchi, en regardant et en apprenant du vivant. L'éthique centrée sur le care a été définie dès l’origine par David Holmgren comme le soin du vivant et du milieu de vie, le soin à l’humain (soi-même, les proches et les générations futures) et le partage équitable. Considérée comme une boîte à outils conceptuelle et éthique au service du vivant, la permaculture devient un levier de dépassement du capitalisme et de ses préceptes. Au-delà du champ agricole, on observe sa mise en pratique dans les milieux culturels, accompagnant les acteurs et opérateurs vers une transition profonde. Ainsi, une nouvelle génération de structures culturelles permacoles voit le jour.

Ouvrir la voie 

Béatrice Josse fut parmi les premières curatrices, en France, à inscrire son geste dans le mouvement de l'écologie curatoriale. Après avoir fait grandir le Frac Lorraine, elle qualifia son projet à la direction du Magasin de Grenoble de « permaculturel » et d'écoféministe : « Nous voulions réinventer l’institution, témoigne-t-elle. Faire de cet endroit un lieu de compostage fertile ». Au programme : associer des artistes sur le long terme, réancrer le lieu en s’appuyant sur des ressources locales, proposer une gouvernance partagée, refonder l'École…

Permaculture, le modèle écologique qui réinvente la culture
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Article issu de l'édition N°2764