Du haut de ses 65 centimètres et de ses 16 kilos, la coupe Hope, chef-d'œuvre du bijoutier français Jean-Valentin Morel (1794-1860) entre ce mois-ci dans les collections nationales, à la faveur d'une acquisition du musée d'Orsay chez Sotheby's New York, le 2 février, pour 2,1 millions de dollars (1,7 million marteau). Conçue entre l'Angleterre et la France, elle avait fait sensation aux Expositions universelles de Paris en 1855 et de Londres en 1871. Aujourd'hui reconnue comme un emblème de l’art lapidaire romantique, elle valut à son créateur une médaille d'honneur. Élève d'Adrien Vachette, Jean-Valentin Morel s'était entouré d'une équipe de choc pour réaliser l'ensemble, dont la théâtralité des formes et les contrastes colorés sont réminiscents du foisonnement des gemmes de la Couronne et de collections de pierres dures montées des XVIᵉ et XVIIᵉ siècles. La composition de la coupe est attribuée à Louis-Constant Sévin, le modèle du décor émaillé à Alexandre Schoenewerk, aidé du sculpteur ornemaniste Willms, la ciselure à Dalbergue, et les émaux à un dénommé Richard, officiant à la manufacture de Sèvres. Formée de quatre blocs de jaspe décorés de figures finement émaillées, elle dépeint avec fougue un épisode marquant de la mythologie gréco-romaine, Persée délivrant Andromède du dragon, dont la gueule béante semble prête à couvrir son ennemi de flammes. Enchaînée à son rocher au niveau du nœud de la coupe, la princesse, victime de la colère de Poséidon, domine six néréides, tandis que Persée chevauche Pégase sur le côté. Richement décoré, le bec de la coupe est paré d'un cartouche en or émaillé orné d'un camée en jaspe à l'effigie de Méduse, réalisé par le sculpteur Jules Salmson. Restée en mains privées depuis sa conception entre 1852 et 1855, l'œuvre porte le nom de son commanditaire, le politicien et collectionneur Henry Thomas Hope (1808-1862). Héritier d'une riche famille de banquiers, il avait fondé à Londres l'Art Union et fut le président de la Society of Arts et de la Surrey Archaeological Society. Possédée par une famille des États-Unis depuis les années 1960, la coupe Hope a été exposée deux fois en France : au musée des Arts décoratifs en 1983 et au musée Carnavalet en 1998.
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