Ses personnages (souvent lui-même) marchent au fond de l'eau, se tiennent sur une jambe ou s'accoudent sur des balcons à l'envers. Ils peuvent aussi, dans un mutisme mélancolique, chercher l'âme sœur sur un Fauteuil à coup de foudre (muni de son paratonnerre). Même les objets refusent les convenances : les chaises sont suicidaires, les balançoires refusent la station horizontale, les arbres portent des piercings. Depuis 35 ans, Philippe Ramette cultive une douce ironie, à mi-chemin entre le surréalisme, les objets impraticables de Carelman et l'absurde à la Ionesco. Dans le jeune centre d'art Bonisson, immergé au milieu de 10 hectares de vignes aux portes du Luberon, cette rétrospective en une cinquantaine de pièces parcourt l'ensemble de sa carrière. Elle trace une ligne continue depuis ses débuts (pas la Mobylette crucifiée de 1987, qui dérangea tant les voisins de la Villa Arson, mais l'Objet à se faire foudroyer de 1991 ou la Prison portable de 1994 ou encore le Canon à paroles de 2001) jusqu’aux plus récents bronzes miniatures. Vus l'an dernier chez Xippas, ceux-ci montrent l'artiste en format de poche mais toujours prêt à diverses actions utopiques comme repousser les murs qui nous étouffent. Un film dévoile le secret de ses fameuses photos défiant la pesanteur tandis qu'une sélection de dessins aide à comprendre son obsession : désamorcer les chaînes de l'ennuyeuse logique...
« Philippe Ramette », jusqu'au 7 janvier 2024 au Bonisson Art Center, 13840 Rognes.
bonisson.com