Qui n’a pas dans sa mémoire ces images familières du balcon à la peinture écaillée de sa grand-mère, du verre dépoli des fenêtres d’un pavillon de banlieue ou de ces terrains vagues où gisent les restes d’un chantier. Images persistantes d’une vie ouvrière passée dans les zones périurbaines où les arbres à papillons de la campagne viennent grignoter avec tendresse le béton fissuré des villes. Les sculptures de Wilfrid Almendra – qui présente sa première exposition personnelle à la galerie Ceysson-Bénétière après le succès de ses expositions en 2022 au FRAC PACA et à la Friche de la Belle de Mai à Marseille – dessinent un paysage mental où sourd une réflexion sur le passage du temps. Les objets, faits de matériaux recyclés, sont marqués par les hommes et le temps. Ils portent en eux l’histoire personnelle de l’artiste franco-portugais issu d’une famille ouvrière. Mais le transfert opère : en regardant ces limaces en aluminium recouvertes de bleu Klein qui courent sur les murs de la galerie et ces natures mortes où s’agglomèrent le bronze, le verre et l’aluminium – en fait des morceaux de vie - on pense à nos propres souvenirs d’environnements familiaux. Esthétique populaire, poésie de la relique contemporaine sublimée par de parfaits trompe-l’œil, tel ce marcel abandonné au sol qui est en fait une attachante sculpture en aluminium.
« Wilfrid Almendra, Labor Trouble », jusqu’au 2 décembre, galerie Ceysson-Bénétière, 23 rue du Renard, 75004 Paris
ceyssonbentiere.com