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Pour un instant d’éternité

Pour un instant d’éternité

Une femme disparaît dans les vagues de l’océan, se fond dans les éléments naturels. La photographie en noir et blanc fait écho à une vidéo dans laquelle la même silhouette, un appareil photo lové au creux du bassin, évolue avec une extrême lenteur le long de l’écume maritime. Sarah Brahim regarde-t-elle vers le passé, vers l’avenir ? Observe-t-elle la ligne de crête ténue des souvenirs ? Sur une autre photographie, son corps de danseuse épouse avec élégance les ondulations d’un éperon rocheux. Plus loin, une vidéo la montre, au rythme d’un ballet solitaire, tentant de devenir pierre, mur, peinture. Ses mains martèlent une surface d’argile, sa tête cherche à s’y enfoncer, alors qu’au dos de la vidéo, une abstraction de pigments se craquelle. Jeu de miroir entre songe et matérialité, intérieur et extérieur, sur fond de décor sublime du lac de Lugano au bord duquel la Fondation Bally veille et où Sarah Brahim a passé huit mois en résidence. Le bâtiment est lui-même chargé d’une histoire au diapason des œuvres de la jeune artiste américano-saoudienne (née en 1992, vue en 2012 à la Biennale de Diriyah, à Riyad), puisque construit dans les années 1930 par Hélène Bieber, danseuse elle aussi. Avec ce premier solo show, orchestré par Vittoria Matarrese, directrice de la fondation, Sarah Brahim nous livre des œuvres d’une émotion intense qui parlent de ce (ceux) qui reste(nt). Traces, reliques du temps, aériennes et attachantes, comme les pulsations du cœur.

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Article issu de l'édition N°2721