Pas facile d’être photographe dans un pays en dictature, encore moins quand on est une femme. Malgré les difficultés, Paz Errázuriz décide d’en faire son métier après le coup d’État au Chili en 1973, ayant été renvoyée de l’école où elle était institutrice. Elle a 29 ans et pour elle commence une nouvelle vie qu’elle va dédier aux autres et à la résistance. Pendant toute cette période de privation de liberté, et aujourd’hui encore, elle choisit de tourner son objectif vers les femmes et les hommes que la société ne veut pas voir ou ceux qui sont méprisés. Cette photographie est extraite de sa plus célèbre série « La Pomme d’Adam », un travail sur les travestis et la prostitution datant des années 1982-1987. À Santiago, elle suit Evelyn, Pilar et les autres, les photographie en couleur ou en noir et blanc, montrant les différentes facettes de leur vie, toujours avec délicatesse et respect. Cette méthode – intégration dans le quotidien de ceux qu’elle photographie et travail sur le long terme –, elle la répète pour ses différentes séries : les gens du cirque, les boxeurs, les lutteurs, les derniers survivants de l’ethnie Kawésqar, les femmes en prison, les danseurs de tango âgés, et même son fils. Programmée dans le cadre du parcours PhotoSaintGermain, l’exposition est la plus variée et représentative de son parcours jamais montrée dans une institution parisienne. Après un voyage au Chili, Béatrice Andrieux, sa commissaire, a rassemblé 120 photographies choisies avec Paz Errázuriz et articulées en quinze séries, dont trois inédites.
« Paz Errázuriz. Histoires inachevées » à la Maison de l’Amérique latine, 217 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris, jusqu’au 20 décembre. Catalogue aux éditions de l'Atelier EXB.
mal217.org