À l’heure où les biennales prennent des noms ressemblant à des titres de Carson McCullers, celle de Kaunas en Lituanie ne fait pas vraiment exception avec « Long-distance Friendships ». Mais l’appellation n’est pas trompeuse car le contenu concerne bien des amitiés transcontinentales, à travers un sujet original : les échanges culturels entre l’Afrique et le monde soviétique avant la chute du Mur - et leur réinterprétation par des artistes actuels. C’est l’occasion pour les deux jeunes commissaires polyglottes de mettre en commun leurs spécialités : l’Afrique mais aussi la Russie et l’Albanie pour Alicia Knock (cheffe du service de la création contemporaine au Centre Pompidou depuis mars dernier), le monde soviétique, de l’Europe jusqu’à l’Asie centrale, pour la Lettone Inga Lace (« Central and Eastern Europe Fellow » au MoMA de 2020 à 2023).
Un orchestre arménien pour le Négus
Tout ou presque est à découvrir dans cette affaire où nous sommes très ignorants - aussi bien des artistes que des aventures humaines exhumées. Qui se souvient qu’une sculptrice polonaise, Alina Slesinska, fut invitée par les autorités ghanéennes à créer à Winneba une gigantesque statue de Nkrumah, l’un des héros des indépendances africaines ? Le colosse de bronze, monument de 25 mètres emblématique du culte de la personnalité qui allait empoisonner une bonne partie des nouveaux pays, ne vécut que le temps d’une convulsion contre-révolutionnaire – à peine une année, jusqu’à sa mise à bas en 1966… En dehors des spécialistes, qui est vraiment au fait des rapports…