Le Quotidien de l'Art

Les femmes dans le design : vers l'émancipation

Les femmes dans le design : vers l'émancipation
Vue de l’exposition « Here We Are! Women in Design 1900 - Today » au Vitra Design Museum à Weil am Rhein en 2022.
© Vitra Design Museum, Photo: Christoph Sagel.


Charlotte Perriand, Eileen Gray, matali crasset : les femmes designers ne sont pas inconnues. Pourtant dans le design, comme ailleurs, les biais de genre demeurent. Témoignages.

Les chiffres sont là : la part des femmes dans le secteur du design reste stable, autour de 50 %, d'après l'Observatoire de l'égalité femmes hommes du ministère de la Culture. Pourtant, d'après l'historienne du design Catherine Geel, « l'invisibilisation des femmes est aujourd'hui aussi importante qu'au début du XXe siècle ». Dans les médias, on les réduit encore souvent à un top 10, ou on les assimile à leurs pairs masculins (parfois compagnons de vie) : Charlotte Perriand, Anni Albers, Eileen Gray, Gae Aulenti, Ray Eames, Claude Lalanne, Florence Knoll, Aino Aalto… Quant aux musées, certains passent, comme pour l'art, par la case de l'exposition « 100 % femmes », ce qui a pour vertu de mettre en lumière certaines méconnues et de souligner les dynamiques d'invisibilisation dont elles ont pu être victimes, tout en noyant les individualités. En 2023, on a pu voir « Parall(elles) : une autre histoire du design » au musée des Beaux-Arts de Montréal, centrée sur les femmes designers du XXe siècle en Amérique du Nord, qui avait pour intérêt d'abolir la hiérarchie entre objets domestiques et design moderniste, et de souligner le rôle des mouvements de solidarité des sociétés de femmes. En 2021-2022, le Vitra Museum, près de Bâle, présentait un accrochage de ses collections exclusivement consacré aux femmes et à leur rôle en tant que créatrices d'objets mais aussi acheteuses et inspiratrices du goût. Côté marché, « beaucoup de noms sortent en ce moment » à côté des stars comme Perriand ou Gray, témoigne Flavien Gaillard, directeur du département Design chez Christie's Paris : Valentine Schlegel (récemment exposée au Crac Occitanie à Sète et au musée Fabre de Montpellier), Juliette Derel, Denise Gatard, Line Vautrin. Même si leurs pièces sont rares et ne permettent pas encore de soutenir une cote importante.

Pourquoi affirmer alors qu'elles sont encore trop peu visibles ? Catherine Geel poursuit : « Des travaux importants ont été réalisés par des historiennes, majoritairement anglo-saxonnes. Mais la presse, spécialisée ou…

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Article issu de l'édition N°2680