La proportion du parc immobilier français menacé par la loi du 22 août 2021 interpelle en cette veille de Journées européennes du patrimoine. Dite « Climat et résilience », la loi prévoit le classement des logements en fonction de leur performance énergétique et en matière d'émission de gaz à effet de serre, basée sur un diagnostic (DPE) similaire pour le bâti neuf et ancien. Le texte instaure également le gel des loyers et l'interdiction à la location des passoires thermiques. « Nous sommes face à un vrai risque d’une France banalisée, s’alarme François de Mazières, maire de Versailles. On fait partout la même chose par des isolations par l’extérieur parfois nocives pour les pierres. J’ai aussi vu des ventes en catastrophe de logements anciens sans DPE performants promis parfois à la destruction par certains promoteurs. » « Il faut absolument abandonner la comparaison du bâti ancien avec les performances du bâti récent dont les enjeux et contraintes sont très différents », tonne Grégorie Dutertre, directrice du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement de Seine-et-Marne. Alors que la Cour des comptes déplorait dans un rapport de juillet 2022 « l'absence d'une doctrine claire de l'État articulant protection du patrimoine et transition écologique », le Sénat convoquait en février une session de travail sur le sujet avec plusieurs représentants du patrimoine. Face à ces alarmes, l’action interministérielle se met en place. Parmi les solutions, la rue de Valois prépare la mise à jour des critères du DPE pour cette année, dans le cadre de sa feuille de route générale sur la transition écologique du milieu culturel auquel la ministre Rima Abdul Malak est très attachée. Dans cette logique, la formation de diagnostiqueurs spécialisés sur le bâti ancien a été formulée à plusieurs reprises, en écho à la nécessaire réactualisation de la formation continue des architectes et de leurs formateurs. En revanche, les demandes de simplifier ou de flécher une aide à la rénovation spécifique au patrimoine ont été balayées du revers de la main par l’Agence de la transition écologique (ADEME) dont le président, Boris Ravignon, estime que les concitoyens se sont trop appropriés « Ma Prime Renov' » pour changer le système. Dernier vœu, Grégorie Dutertre a plaidé pour l’exemplarité des marchés publics en matière de matériaux biosourcés comme terrain de recherche et de développement d’une filière verte utile au patrimoine autant qu’à l’économie.
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