Le Quotidien de l'Art

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Disparition de Michèle Monory, passionnée d'art et d'artistes

Disparition de Michèle Monory, passionnée d'art et d'artistes

« Femme passionnée », « femme de projets », « généreuse », « charismatique »... Michèle Monory fut pour l'art en France une force discrète mais constante, à la fois moteur et catalyseur de nombreux projets. Elle est décédée le 15 août dernier à l'âge de 72 ans dans le crash de l'avion privé que pilotait le journaliste Gérard Leclerc, lui aussi disparu dans l'accident, à Lavau-sur-Loire (Loire-Atlantique). Passionnée d'art contemporain et plus encore du dialogue avec les artistes, Michèle Monory avait créé dès 1995, aux balbutiements du web, un site internet répertoriant le travail de plasticiens et aidant à leur diffusion, tout en produisant des films et œuvres numériques. En 2000, elle fondait, avec Olivier Bomsel, Art-netart, société de production de DVD en édition non limitée de films d'artistes (Jean Charles Blais, Grout/Mazéas, Mrzyk & Moriceau, Claude Closky, Brice Dellsperger). Vendus à quelques collectionneurs et institutions, ils étaient aussi disponibles dans le commerce, dans une volonté de « faire entrer l'art chez tous », affirme la designer matali crasset, qui a collaboré à plusieurs reprises avec Michèle Monory, notamment pour des aménagements chez elle. « C'était une personne rare, éprise de liberté, avec laquelle on pouvait discuter de tout, poursuit-elle. Elle vivait entourée de forêts, et comprenait la puissance du végétal et la nécessité que la culture du vivant se rassemble. » Plus récemment, Michèle Monory avait créé la marque Le Buisson, travaillant avec Francis Fichot à la réalisation de bijoux d'artistes, avec toujours l'intérêt de mêler art et vie. Fille de l'homme d'État René Monory, elle était mère de deux enfants, dont l'artiste Clovis Maillet qui confie : « Elle aimait le lien avec les artistes, elle avait même peut-être plus d'intérêt pour les artistes et le processus artistique que pour les œuvres en elles-mêmes... Son mode de vie était autour de ça ». Pour l'artiste Louise Hervé, qui travaille depuis une vingtaine d'années en binôme avec Clovis Maillet, « l'hospitalité de Michèle a offert à beaucoup d'artistes des espaces de discussions. Elle donnait des cartes blanches, dans une sorte d'auto-expérimentation : elle aimait être déplacée par les artistes. L'art pour elle n'était pas seulement une parenthèse, c'était la vie ».

Article issu de l'édition N°2660