Assurer trois décennies de continuité d'un centre d'art contemporain privé en province, c'est une belle performance. C'est ce que vient de faire à Saumur, le 12 mai dernier, dans une fête au-dessus de ses caves, la maison Bouvet-Ladubay, propriété de la famille Monmousseau. Une forme de hasard est à l'origine de cette vocation artistique : en 1991, la mairie de Saint-Hilaire-Saint-Florent veut se défaire des bâtiments qu'elle occupe. Il s'agit d'ateliers, de l'ancienne usine électrique et du petit théâtre de la maison de mousseux. Une façon pour celle-ci de se réapproprier son histoire (l'entreprise a été fondée en 1845) en lui donnant, par le biais d'expositions d'art contemporain, un lien avec le présent. Si cette célébration se fait avec Cécile Bart, qui a adapté ses peintures/écrans aux beaux espaces posés sur la rivière Thouet, un affluent de la Loire, c'est surtout l'occasion de rappeler la centaine d'artistes exposés. Le lieu a bénéficié d'une étonnante continuité, dirigé depuis ses débuts par Benoît Lemercier, qui a commencé l'aventure à peine âgé de 27 ans, menant de front une carrière d'artiste et d'organisateur. S'y sont ainsi succédé César, Adami, Basquiat (dès 1993), Honegger, Klasen, Le Gac, Morellet, Vera Molnar, Traquandi, Titus-Carmel, Agnès Thurnauer (en 2021) mais aussi des plasticiens moins connus du grand public, certains décédés comme Edward Baran (1934-2021) ou Paul Jenkins (1923-2012). Les projets à venir ? « Poursuivre encore 30 ans ! », répond Lemercier dans l'introduction du catalogue publié pour l'occasion.
« Cécile Bart. Rappels en parallèle » au Centre d'art contemporain Bouvet-Ladubay, jusqu'au 1er octobre 2023.
centredart-bouvet-ladubay.fr
