Depuis fin mai, le rez-de-chaussée du Palais de Tokyo est fermé aux visiteurs. La hausse des températures et les exigences de sobriété énergétique ont entraîné une décision drastique : on ne fera pas marcher la clim cet été dans le centre d'art, direction donc le sous-sol, naturellement frais, pour visiter les nouvelles expositions. Paradoxe : le Palais de Tokyo réduit ses espaces d'exposition, mais agrandit l'accueil accessible à tous gratuitement. Dans l'esprit de la « permaculture institutionnelle » voulue par son président Guillaume Désanges, cette « zone » va aller grandissant d'ici la rentrée prochaine : la « douane » (où sont contrôlés les billets) va reculer, des tables en bois (issu du recyclage d'une exposition) vont se multiplier, une cafétéria à prix abordables et circuit court va ouvrir, des propositions artistiques se développer. En complément, dès septembre, une « chambre des échos » permettra à l'institution de réagir à l'actualité (conflits, événements politiques, décès...) avec des accrochages ou interventions. « Le centre d'art doit assumer son rôle social et être en prise directe avec les enjeux contemporains », affirme Mathieu Boncour, directeur de la communication et de la RSE. Près de la librairire sera inauguré le Hamo, conçu par l'agence Freaks Architecture : trois cabanes de feutre et un « salon des communs » occuperont ce lieu de 600 m2 consacré à l'éducation, l’inclusion et la médiation auprès de publics divers. Professionnels de la culture et soignants pourront s'y rencontrer autour des questions de santé mentale et psychique. Depuis un mois déjà, la « galerie Wilson », au -1, est rebaptisée « la Friche » et met à disposition des espaces de travail pour des artistes, chercheurs et curateurs, qui y présenteront leurs travaux à l'automne dans l'exposition « Hors de la nuit des normes, hors de l'énorme ennui » (slogan du collectif lesbien genevois Vanille Fraise). « Il faut faire un usage raisonné des 22 000 m2 du Palais de Tokyo, souligne Mathieu Boncour. Ne plus être dans l'intensité programmatique, cultiver autrement. » Dans cette métaphore filée autour de la permaculture, la sobriété est le maître-mot. C'est celle qu'on retrouve dans la nouvelle identité visuelle conçue par l'artiste Thomas Hirschhorn en collaboration avec Willy Carda et le studio graphique : un logo bavant qui évoque le DIY du Xerox art, du noir et blanc, une police en gras, pas de hiérarchie. Une charte graphique non autoritaire, puisqu'elle pourra être adaptée par les artistes, que l'on retrouve notamment dans la nouvelle formule du magazine du Palais de Tokyo, intitulé PLS, et qui sera déclinée en flyers et micro-éditions. Du fait maison pour faire maison.