Elles se jouent de l’envers et de l’endroit, du plein et du vide, de l’absence et de la présence. L’envers est celui de l’affiche arrachée, support de prédilection de l’artiste depuis ses débuts, le plein est celui du trait noir de silhouettes puissantes évoquant la force de la tendresse et du compagnonnage, mais aussi parfois la perte ou l’absence, induites par la couleur bleue du rêve, récurrente. Ces silhouettes sans visages sont seules ou en couple, très souvent de dos. Elles ne disent pas leurs noms mais traversent la toile comme elles traversent l’océan de la vie. Elles suintent des sentiments de mélancolie et d’espoir même si l’artiste ne le revendique pas ainsi. Lui scrute le cheminement de la peinture à l’huile dans la matière, qu’il rehausse de fusain et de craie, pour créer des torses tourbillonnants pareils à des troncs d’arbres tortueux. L’effet xylographique est d’ailleurs parfois frappant. Une trentaine d’œuvres récentes de Jean-Charles Blais élaborées dans son atelier de Vence en 2022 et 2023, habillent les deux étages très chics du siège parisien d’Opera Gallery qui vient d’annoncer la représentation mondiale de l’artiste. Ici, ses affiches aux contours irréguliers, propres au support qui aime les manques et les déchirures, sont désormais enchâssées dans un cadre de bois clair pour correspondre à l’accrochage du lieu.
Jean-Charles Blais, « Spring/Summer », Opera Gallery, 62, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008, jusqu’au 15 juin.
operagallery.com