Dans le Morbihan, la colère ne retombe pas après la destruction de près de 40 menhirs à Carnac, au sud de la zone d'activité de Montauban, proche du tumulus Saint-Michel. La raison ? La construction d'un Mr. Bricolage, bientôt terminé. En août 2022, la mairie de Carnac a délivré un permis de construire à la société Au marché des druides, alors que le site sur lequel elle projetait d'implanter son enseigne de bricolage était inscrit depuis 2015 sur la plateforme en ligne de la DRAC, qui répertorie le patrimoine protégé. Depuis, au moins de 38 menhirs d'un peu moins d'un mètre de haut, datant autour de 5400 avant notre ère, ont disparu. Christian Obeltz, l'archéologue amateur qui a lancé l'alerte sur le blog de l'association Sites et Monuments, explique au Monde qu'il « ne faut pas minimiser les petits sites. Ce n’est pas une question de taille. Ce site aurait été riche en enseignements si des fouilles approfondies avaient pu être faites ». Aussi, le chemin de Montauban figurait sur la liste indicative des mégalithes de la commune, en vue de l’inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco. Comme le rappelle Ouest France, l'intéret historique du site de Montauban était connu puisqu'en 2014, alors que la SAS Au marché des druides avait fait une demande de permis de construire, la préfecture du Morbihan avait demandé un diagnostic archéologique. En avril 2015, un rapport de l'Inrap concluait qu'il était probable d'y découvrir « un alignement mégalithique inédit », et le permis de construire était retoqué. Maire de Carnac depuis 2014, Olivier Lepick affirme qu'il n'était pas au courant que le site était référencé. Toujours selon la mairie, la DRAC aurait placé le site en zone de présomption de prescription archéologique (qui a pour objectif d'informer les aménageurs de la potentielle importance d'un site et ainsi prévenir les risques d’impacts de travaux sur le patrimoine) sur l'ancien Plan d'occupation des sols (POS) et pas dans l'actuel Plan local d'urbanisme (PLU). Approuvé le 24 juin 2016, et remplaçant définitivement l'ancien POS, le PLU a quant à lui été mis à jour plusieurs fois, suite à l‘arrêté préfectoral du 2 avril 2020 et par arrêté du maire du 22 janvier 2021.