Les glaciers et les calottes polaires de l’Antarctique et du Groenland fondent, le niveau de la mer s’élève, les catastrophes climatiques se multiplient. Les rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) qui se succèdent se font de plus en plus alarmants. Comment en sommes-nous arrivés là ? Dictature du court terme ? Mystique de la croissance ? Égoïsme des États et des multinationales ? « Nous ne croyons pas ce que nous savons », souligne le philosophe Jean-Pierre Dupuy dans son livre Pour un catastrophisme éclairé (ed. Seuil, 2002).
Que peut l’art face à la crise écologique et climatique ? Là où les scientifiques peinent à être entendus et à mobiliser, les artistes peuvent-ils contribuer à changer les imaginaires et les pratiques, aider à forger de nouveaux récits, et apporter leur pierre pour faire bouger la société sur les questions écologiques et climatiques ? Nous avons posé ces questions à des écologistes – responsables d’ONG, journaux, think tanks, partis politiques, mais aussi universitaires et chercheurs.
Quarante ans de déni
Le constat est unanime. Les choses n’ont pas beaucoup bougé depuis le premier Sommet de la Terre, à Stockholm en 1972. « Cela fait quarante ans que nous savons ce qui nous attend, et pourtant, nous continuons comme si de rien n’était », déplore Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France. « Tout le monde a une carte à jouer pour contribuer à sensibiliser et à faire bouger la société sur les questions écologiques et climatiques. Et les artistes en premier lieu, pour la simple raison que le déni demeure très puissant face aux risques climatiques qui sont extrêmement déstabilisants », poursuit l’ancienne ministre et secrétaire nationale des Verts et d’Europe Écologie les Verts.
Présidente de la fondation de l’Écologie politique (FEP) et enseignante à Paris Descartes, Alice Canabate tente d’expliquer ce déni par le…