Cecco del Caravaggio : ce surnom un peu obscur n’évoquait pas grand-chose, en dehors du cercle, restreint, des spécialistes de la peinture italienne du XVIIe siècle. Jusqu’à ce que l’Accademia Carrara, à Bergame, propose de faire la lumière sur cet homme, modèle devenu élève de Caravage. Les commissaires de l’exposition se sont mués en véritables détectives privés pour retrouver le nom qui se cache derrière ce sobriquet, ainsi que lui attribuer un corpus de 25 œuvres, dont 19 sont présentées à Bergame. Aussi fascinante que celle de son mentor, la vie de Francesco Buoneri se mêle intimement à celui-ci. On le découvre à Rome, posant pour le David et Goliath de Caravage, on le suit à Naples, on le retrouve à Rome après la mort de ce dernier. Si ses dates et lieux de naissance et de mort restent floues, son parcours artistique a pris de la consistance. La patte de Merisi se perçoit dans le traitement du clair-obscur et des sujets, mais l’influence de l’École lombarde point dans la netteté et la précision des décors, ou encore dans la dureté des visages, renforçant parfois la violence de la scène, comme dans ce Christ chassant les marchands du temple. Il assimile avec dextérité les divers styles pour affirmer le sien, qu’il diffusera auprès de ses élèves, dont Valentin de Boulogne. La démonstration qu’offre l’exposition permet de rendre à Buoneri sa place dans le mouvement caravagesque, et fait de lui l’un des chaînons manquants entre le maître et son « école », qui avait diffusé dans toute l’Europe.
« Cecco del Caravaggio », Accademia Carrara, Bergame, jusqu’au 4 juin 2023.
lacarrara.it