C'était à prévoir : le premier des quatre volets de la vente de bijoux ayant appartenu à la collectionneuse Heidi Horten, décédée en juin dernier, peu de temps après l’ouverture de son musée éponyme à Vienne, aura suscité des enchères aussi vives que leurs critiques. Car derrière ces 700 pièces de joailleries se cache la sombre histoire d’une fortune amassée par l’époux de Heidi Horten, Helmut Horten, à coup de spoliations, rachat d’entreprises juives et travail forcé. Des torts que le rapport de recherche, commandé en 2022 par la collection Heidi Horten et réalisé par un historien allemand, a confirmé. Les appels lancés par plusieurs associations et particuliers (le Centre Simon-Wiesenthal ; le Comité juif américain ; les petites-filles du marchand Paul Rosenberg, dont la collection de tableaux fut pillée par les nazis ; Jorge Helft, descendant de l’antiquaire Jacques Helft…) afin d’annuler la vente seront restés vains. Tenue le 10 mai sous le marteau de Christie’s à Genève, elle aura finalement devancé les plus grandes vacations de bijoux des dernières décennies, comme celles d’Elizabeth Taylor (116 millions de dollars en 2011) ou du cheikh Al Thani (116 millions de dollars en 2019). Lot phare de la vente, la bague Cartier en rubis et diamants « The Sunrise Ruby » est partie à 15 millions de dollars, suivie d’une bague Bulgari ornée de diamants rose et blanc, cédée 10 millions de dollars. Des 96 lots proposés, seuls 3 n’ont pas trouvé preneur. Christie’s a annoncé que « l’intégralité du butin sera versé à des fondations philanthropiques œuvrant dans la santé, le bien-être des enfants et l'accès aux arts, avec une importante contribution à des organisations juives afin de faire progresser la recherche et l'éducation sur l'Holocauste ». Les critiques réclament, en attendant, la publication d’une somme précise.
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