Les images les plus banales et les plus séduisantes sont parfois appropriées pour aborder les sujets les plus graves. C’est le cas de cette série intitulée « Seascapes » d'Aliki Christoforou présentée au festival Circulation(s). Mais les apparences sont trompeuses car la photographe d’origine grecque veut attirer notre attention sur le fait que la mer Méditerranée est la route migratoire la plus meurtrière au monde. Le contenu de l’image est séduisant, pourtant, les tirages doivent leur couleur sépia au procédé utilisé – la gomme bichromatée, une technique ancienne quasi contemporaine de la naissance du médium – associé à du sang humain employé à la place des habituels pigments. Comme de nombreux autres artistes parmi les 27 présentés issus de 14 pays dans cette 13e édition, Aliki Christoforou fait un pas de côté pour parler du réel. Dédié à la jeune photographie européenne, ce rendez-vous dont la direction artistique est assurée par neuf commissaires d’exposition indépendantes du comité artistique du collectif Fetart dresse le portrait du temps présent : mégalopoles, racisme, maltraitance physique et mentale, masculinités queers, mais aussi la pêche traditionnelle en voie de disparition, la conquête spatiale, les phénomènes naturels comme l’irruption d’un volcan, la vie en communauté et de nombreux sujets sur l’écologie. Scénographies inventives, styles variés – des procédés anciens à l’intelligence artificielle en passant par l’imagerie scientifique –, Circulation(s) est un laboratoire des pratiques photographiques contemporaines.
Au Centquatre, 5, rue Curial, 75019 Paris, jusqu'au 21 mai.
festival-circulations.com