L’histoire commence en 1994 avec une simple réunion en petit comité : quatre amis - Daniel Templon, Catherine Millet, Daniel Abadie et Gilles Fuchs - décident que le temps est venu de faire face à la perte de vitesse que connaît la scène contemporaine française. Cinquante ans après les surréalistes et l’École de Paris, le rayonnement de l'Hexagone n’est plus ce qu’il était. La Seconde Guerre mondiale a causé migrations et bouleversements, et la scène des États-Unis, portée par l'avant-garde de Pollock, Warhol, Rauschenberg, Jasper Johns puis Basquiat…, fait de l’ombre à la française. Le marché de l’art est en grande partie accaparé par les collectionneurs américains à qui le contemporain ne fait pas peur. En France, où les goûts sont plus classiques et où la tradition d'un soutien étatique assigne une place privilégiée aux musées et institutions, ils sont bien moins nombreux.
Premières actions
Pour Templon, Millet, Abadie et Fuchs, le constat est clair : la florissante production française est largement invisibilisée, aussi bien au plan national qu'international. « Nous voulons montrer qu’il existe en France des collectionneurs d’art contemporain actifs. Il n’est pas nécessaire d’avoir le budget de Bernard Arnault ou François Pinault pour collectionner », explique alors Gilles Fuchs aux Échos. Les montrer, mais aussi les « favoriser, dans un pays qui en compte à l’époque assez peu si on compare la situation française à la belge, allemande ou suisse. Dans cette deuxième partie du XXe siècle, les personnes qui ont de l’argent en France – et il y en a – préfèrent le plus souvent investir dans les commodes Louis XV ou la brocante de luxe plutôt que dans l’art contemporain », analyse Bernard Marcadé dans le Prix Marcel Duchamp – 20 ans après (éditions In Fine). Les premières actions de l’ADIAF consistent donc d’une part à fédérer l’activité des collectionneurs au travers de visites d’ateliers, de galeries et d’expositions, et d’autre…