Le Quotidien de l'Art

Pillage : des musées complices malgré eux ?

Pillage : des musées complices malgré eux ?
Un bas-relief en marbre possiblement pillé en Syrie saisi par les douanes françaises en 2016 qui a été présenté lors de l’exposition « Sculptures antiques de Libye et de Syrie. Lutter contre le trafic illicite de biens culturels » au Louvre en 2021.
Myriam Lemetayer / AFP.

Un an après le scandale de l’acquisition d’œuvres archéologiques pillées dans deux des plus importants musées au monde, le Metropolitan Museum of Art de New York et le Louvre à Paris, la question brûle : quel rôle ont les musées dans le trafic des biens culturels ?

Une star de la téléréalité dont les selfies narcissiques conduisent les plus grands musées mondiaux au tribunal. Digne d’un soap movie, le scénario s’est déroulé il y a un an quasiment jour pour jour, quand Kim Kardashian paradant au Gala du Metropolitan Museum de New York posait devant un sarcophage égyptien que les autorités du pays ont reconnu comme pillé. S’en suivait la saisie par les autorités de cinq œuvres du musée. L’onde de choc atteignait la France un mois plus tard, quand Jean-Luc Martinez, ex-directeur du Louvre, soupçonné d’être impliqué dans un vaste trafic d’antiquités était mis en examen, procédure confirmée en février par la cour d'appel de Paris et touchant également Jean-François Charnier, ex-cadre de l'Agence France Museums. En cause : les certificats de cinq pièces égyptiennes acquises pour le Louvre Abu Dhabi en 2016 sont falsifiés. Au-delà de l’aspect délictuel de ces affaires, l’enjeu est éthique. Entaché de suspicion, le premier musée tricolore entraine avec lui l’image de la France au moment où elle s’évertue à utiliser la puissance culturelle de ses musées comme levier diplomatique et économique de premier ordre.

Les limites poreuses de la licité

« Les musées sont des complices inattendus dans le trafic des biens culturels dans lequel on imagine plutôt des criminels que des archéologues ou conservateurs, explique Inès Grine, auteure de L'art de détruire l'art. Daesh, trafiquant d'art, trafiquant d'âme (Edilivre). Les trafiquants ont besoin d’une participation experte pour estimer, authentifier et donner une légitimité à ces œuvres. Les terroristes se sont attaqués aux objets culturels car la limite entre le licite et l’illicite est difficile à déterminer contrairement à des armes ou de la drogue ». Cette collusion est d’autant plus imprévisible que les musées sont engagés depuis quelques années dans la sensibilisation du public à ces problématiques. Tout au long de l’année 2021, le Louvre a exposé un ensemble de sculptures et fresques pillées, saisies entre 2012 et 2016 par les douanes. Depuis, le thème fait florès en particulier sur le sujet de l’archéologie…

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