Dans le souci de donner de la visibilité au Musée arménien de France - logé au 59 avenue Foch depuis 70 ans, à la même adresse que le musée d'Ennery, mais inaccessible sauf en de rares occasions comme l'Année de l'Arménie en 2007 - la maison ARP accueille une sélection de ses plus belles pièces. Argenterie liturgique, céramique de Kutahya, marines de maîtres du XIXe siècle dont le célèbre Aïvazosky (né Aïvazian) jettent un éclairage sur une collection qui patiente dans 400 cartons... Pour ne pas ancrer l'affaire dans le passé et la nostalgie, de jeunes créateurs de toutes disciplines et origines (arméniens ou pas) se sont inspirés de cette cinquantaine d'œuvres enfin visibles pour en proposer une interprétation contemporaine. Le réalisateur Alexis Pazoumian (né en 1988, qui a réalisé le documentaire Deux enfants dans la guerre, montré sur Arte) donne une image du Karabagh qui semble se dissoudre dans les brumes de l'histoire et l'oubli de l'Occident ; la photographe Pascaline Marre (née en 1972), qui s'est déjà penchée sur les traces du génocide en Anatolie, revisite une nature morte de Zakar Zakarian (1849-1923), un ami de Degas ; la dessinatrice et comédienne Araks Sahakyan (née en 1990), vue au Salon de Montrouge et au Drawing Lab, soutenue par le dispositif Forte d'Ile-de-France et le prix Transverse, renouvelle l'art immémorial du tapis. Le 27 avril, ces œuvres récentes, qui illustrent le projet Menk de Guillaume Toumanian - jeter des ponts entre les artistes d'Arménie et leurs alter ego d'ici - seront proposées aux enchères - en même temps qu'un Jansem ou un Paradjanov. Une façon de montrer que l'Arménie ne figure pas seulement à la rubrique « guerre » de l'actualité...
Exposition « Les Arts arméniens - regards croisés » jusqu'au 25 avril. Vente le 27 avril à 16h chez ARP, 174 rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008.
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