Elle accumule les records ! En 1770, à 26 ans, Anne Vallayer-Coster est la première femme admise à l'Académie royale de peinture et de sculpture depuis que le beau sexe en a été barré en 1706. Elle est la première à ne pas être liée à une dynastie d'artistes. Et elle sera la première à posséder un logement au Louvre. L'aréopage qui la juge à l'Académie est tellement impressionné qu'il ne lui demande même pas de pièce de réception - une rare faveur. Donc pourquoi pas un nouveau coup d'éclat ? Car la pièce que révèle Christie's, mise en vente le 15 juin à Paris avec une estimation de 600 000 à 1 million d'euros, a un pedigree alléchant. Ce vase de fleurs a été conservé par l'artiste toute sa vie (elle est décédée en 1818 à 74 ans) et a été racheté en 1824 par un membre de la famille, pour ne resurgir qu'aujourd'hui, 199 ans plus tard. Sa grande fraîcheur permet d'apprécier le talent de celle qu'on a souvent vue comme un « Chardin au féminin » et que la fin de l'Ancien Régime a condamnée à un oubli prolongé. Qui semble prendre fin : son record (1,5 million de dollars au marteau) a été établi il y a un an seulement, le 27 janvier 2022, chez Sotheby's à New York. Et il y a à peine 10 jours, chez Paris Enchères - Collin du Bocage, un autre vase de fleurs a sextuplé l'estimation de 40 000 euros... « Dans le catalogue de la vente du 21 juin 1824, où il a été adjugé 1 100 francs, c'est le lot numéro 1 et le seul qui fasse l'objet d'un commentaire, explique l'expert Pierre Étienne, directeur international des Tableaux anciens chez Christie's, elle le considérait comme le "meilleur de ses ouvrages". Il y a un petit accroc dans le coin supérieur gauche mais pour le reste, il est quasiment dans son état du XVIIIe siècle, avec les glacis et probablement le cadre d'origine. Alors que l'on voit surtout passer de petites compositions de l'artiste, d'une trentaine de centimètres de côté, nous avons ici affaire à un vrai tableau de salon, ambitieux, démonstratif. »
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