134 galeries, une fréquentation qui devrait égaler ou dépasser les 69 000 visiteurs de l’an dernier, des primo-exposants de fort calibre comme Baronian, Francesca Minini ou Maïa Muller, et un rush d’étrangers annoncé (si la crise des poubelles ne les a pas découragés). Les indicateurs semblent donc au beau fixe. Ancré comme foire incontournable du printemps dans une capitale sûre de sa puissance (avec un autre bémol, l’affaire de la directive TVA européenne), Art Paris sait cependant que son influence tient beaucoup à son côté exploratoire, qu’il s’agit de ne pas perdre. Le directeur, Guillaume Piens, l’assure : « L’approche d’écoconception, développée l’an dernier, continue. Nous avions réutilisé 12 tonnes de matériaux, nous essaierons de faire encore mieux en formant les équipes, en identifiant de nouvelles filières locales de recyclage et en travaillant sur la mobilité des publics – comment faire que les visiteurs soient conscients de leur impact. » Nous sommes donc bien entrés dans une ère « sociétale » où l’art n’est pas un loisir annexe mais un moteur de changement économique et politique. Alors que l’explosion déroutante de l’intelligence artificielle, les ravages du deepfake, l’anonymat favorisé par les réseaux sociaux, les bulles financières sur instruments virtuels, la propagande accompagnant les sanglantes croisades militaires – autant de facteurs cités pêle-mêle - brouillent les frontières entre le vrai et le faux, le bien et le mal, la section centrale sur « art et engagement » est une salutaire piqûre de rappel. Face à un monde qui tourne toujours plus vite (et pas toujours rond), les artistes sont plus que jamais des vigies à observer.