La réhabilitation est devenue un secteur clé de la discipline architecturale, et ce d’autant plus que des voix s’élèvent dans les universités, les associations, les forums, pour que l’on cesse carrément de construire. À entendre les ténors de la frugalité, le parc bâti existant suffirait à nos besoins. Il est vrai que la construction a mauvaise presse. Son bilan carbone est catastrophique. Entre chantiers, gravats, transports de matériaux et passoire thermique, le bilan a des allures de guillotine. Pour sauver la filière, le ministère de la Culture vient de lancer son palmarès « Réhab XX ». Maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage peuvent déjà candidater à l’obtention de cette distinction dont on ne saisit pas très bien ce qu’elle apportera de plus qu’un satisfecit, reconnaissant à l’opération primée son caractère exemplaire. Le but est d’associer un travail de fond sur les économies d’énergie à de la qualité architecturale, d’unir en somme la démarche vertueuse à l’audace esthétique. Sont éligibles à l’obtention de ce label les opérations de réhabilitation de bâtiments de toutes catégories, édifiés après 1948, donc dans la seconde moitié du XXe siècle, période où l’on se souciait peu de protéger la planète. Le tripode de l’INSEE, édifié en 1974 par les architectes Serge Lana et Denis Honegger, menacé de destruction à Malakoff, trouvera-t-il à temps des âmes compétentes pour le réhabiliter ? Pour l’heure, il est promis à la destruction, ce qui suscite bronca d’élus et de pétitionnaires par milliers. Affaire à suivre car il serait fâcheux que ce nouveau palmarès « Réhab XX » ne serve qu’à masquer nos bonnes vieilles pratiques de la table rase.
Pour candidater : culture.gouv.fr/