La récente remise du Prix national d’architecture espagnol 2022 ce jeudi 23 à Emilio Tuñon est l’occasion de découvrir un remarquable praticien. Diplômé de l’ETSAM, l’École supérieure d’architecture de Madrid, professeur invité dans de nombreuses universités, cet architecte né un 1 janvier 1959, a été récompensé à de multiple reprises au long de sa carrière. Il a ainsi reçu en 2007 le prestigieux prix Mies Van der Rohe. Rappelons que ce dernier couronne le meilleur bâtiment érigé en Europe dans l’année écoulée. Il s’agissait cette fois du musée d’art contemporain de Castille-et-Léon. Au fil de ses édifices, signés seul ou avec divers associés, se révèle une appétence pour une approche sérielle de la façade, pour un graphisme nourri d’ombre et de lumière, matériau impalpable mais omniprésent dans une Espagne baignée de soleil. On peut en juger dans le musée d’art contemporain Helga de Alvear édifié à Cáceres (2019) dont les murs blancs de béton s’intègrent à merveille dans un tissu ancien patrimonial. Fort différente est la maison de pierre édifiée à Sierrilla en 2018. Le registre y est plus simple. Un volume prismatique, des matériaux bruts dont l’agencement confine à la peinture ou à la mosaïque, des cadrages photographiques sur le paysage alentour, une attention aux détails de menuiserie comme aux ouvertures de fenêtres décalées dans les hauteurs, et pour finir, un escalier twisté hors pair. De l’élégance et de la vérité, bref un grand cru espagnol que ce Tuñon dont on attend le musée des Collections royales à Madrid, réalisé avec son complice Luis Mansilla, enfin annoncé pour l'été 2023.
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