Sous l’appellation un brin clinquante de Riviera Tower, la firme Foster et Associés vient d’annoncer la future construction de la plus haute tour de Grèce. Avec ses 200 mètres de haut, elle dominera de sa silhouette banalisée le nouveau quartier de l’Ellinikon, présenté comme « le plus grand projet de régénération urbaine du monde ». Rien que cela ! Édifié sur l’ancien aérodrome international d’Athènes, on y trouvera, bureaux, boutiques, restaurants raffinés, mais encore « marques émergentes et grandes maisons de couture »… de quoi créer 85 000 emplois. Classique ? Pas vraiment, car l’important n’est pas dans cette débauche d’annonces mais dans la volonté affirmée de voir cet ensemble géant doté d’une totale autosuffisance énergétique. Ainsi, et à la manière de The Line, le projet controversé d’Arabie saoudite, cette entité urbaine, enveloppée encore dans des résidus du vieux monde (marina, accès à la page, etc.) se présente comme une bulle, une ville en soi qui devrait agglomérer 6,5 millions de mètres carrés d’espaces. Fort d’un constat alarmiste qui veut que le désert saoudien soit notre avenir commun, l’architecture mute désormais en productrice de vaisseaux terrestres. Décomplexée, la maîtrise d’ouvrage ouvertement élitiste est à l’assaut. Sous la bannière d’une urbanité durable, c’est le duraille qui s’invite en colon des terres encore disponibles. On nous parle de ville, mais c’est de mondes qu’il s’agit, mondes clos sur eux-mêmes, et dont le coût stratosphérique méritera qu’on les défende avec les dents. Ça promet !
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