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Cave se taille des costumes

Cave se taille des costumes

Silhouettes hautes, scintillantes et bariolées, les Soundsuits de Nick Cave (né en 1959 dans le Missouri, deux ans après son homonyme musicien) sont le clou de l’exposition sur le fantastique noir actuellement visible à la Kunsthal de Rotterdam. « À la fois sculptures, déguisements et armures », explique le commissaire Ekow Eshun, elles ont été réalisées par l’artiste à partir de toutes sortes de matériaux – certains récupérés –, comme des jouets, des sequins, des perles, des broderies, des animaux empaillés… Autant de breloques qui provoquent, une fois portées, tout un panel de sons, faisant de chaque mouvement un spectacle en soi. Extrêmement démonstratives, elles nous parlent d’une carapace qui cache et protège, s’affirme et s’expose. Les Soundsuits sont en effet exemplaires de la force exubérante qui réunit les différents artistes de ce panorama de l’art africain et afrodescendant : le fantastique noir est habité par un besoin vital de réhabiliter l’imaginaire et l’extraordinaire, pour des artistes à l’identité hantée par l’histoire de l’esclavage et par le racisme. « Les créations exaltantes de Nick Cave sont un défi lancé aux tentatives de réduction du corps noir à une caricature, détaille Ekow Eshun. On pourrait voir les Soundsuits comme une réponse aux mesures de répression héritées de l’esclavage et des lois Jim Crow, qui imposent aux Noirs de « rester à leur place » au sein de la société blanche. » Après avoir enchanté les visiteurs de la Hayward Gallery de Londres l’été dernier, les Soundsuits ou « costumes sonores » sont ici visibles en un petit échantillon – l’artiste en ayant créé plus de cinq cents depuis la mort de Rodney King, Noir américain victime de violences policières en 1991.

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