En 2023, le 8 janvier a probablement été pour les Chinois un autre Nouvel An. Depuis ce jour, pour la première fois en près de trois ans, ils peuvent sortir de leur pays. En France, première destination européenne des touristes chinois, la nouvelle a tout pour réjouir. Avant la pandémie de Covid, ses 2,2 millions de visiteurs annuels injectaient quelque 3,5 milliards d’euros dans l'économie française (soit 7 % des recettes touristiques totales). Leur tarissement depuis trois ans est tout sauf anodin pour le monde de la culture français. Selon l’agence Visit Paris, 95 % de ces visiteurs arpentent musées et monuments (quand ils ne sont que la moitié à venir pour le shopping). Le Louvre a perdu de vue ces 800 000 à un million de visiteurs annuels, soit un sur dix. « Aujourd’hui, les visiteurs chinois présents (moins de 1 % de la fréquentation globale) sont principalement ceux de la diaspora », précise l’établissement.
Au Centre des monuments nationaux (CMN), on regrette l’absence de 100 000 Chinois dans les queues des monuments parisiens et du Mont-Saint-Michel. À Versailles, ils n’étaient que 40 000 en 2022 contre 750 000 habituellement (soit 14 % de la fréquentation). Le château de Chambord met en avant la courbe exponentielle de son visitorat chinois qu’est venue rompre la pandémie. « En 2015, la clientèle chinoise était devenue la deuxième source de visiteurs internationaux après les Américains, se souvient Cécilie de Saint-Venant, directrice de la communication, de la marque et du mécénat du château. Sans la crise, elle aurait pu s’accroître rapidement pour prendre une part d’environ 7 % de la fréquentation totale, soit 70 000 visiteurs. » Les données par nationalité ne sont pas disponibles, mais l’absence de ce public ne bénéficiant pas de la gratuité, et qui dépense en moyenne 191 euros par jour et par personne, se fait ressentir dans les caisses des musées, non seulement en billetterie mais aussi en boutiques, et dans les restaurants en concession.
