Experts et start-ups prennent la parole

Pitchs du Startup Village

Art Recognition - présentée par Romanas Einikis, directeur général de la technologie

« Nous sommes une start-up suisse née il y a quatre ans, qui propose une assistance dans la reconnaissance des œuvres d'art. Nous avons à ce jour une bibliothèque comptant plus de 300 artistes. Si l'artiste n'y figure pas, nous prenons le temps - 7 à 10 jours - de l'introduire dans nos recherches. Notre technologie se base sur la reconnaissance de traits similaires dans des œuvres, dans le but d'avoir une réponse uniforme à toutes les IA. Ce que fait notre technologie est, en essence, de comparer tout ce qui a été produit par l'artiste avec l'œuvre en question. Les tarifs commencent pour des œuvres de petite taille à 700 euros. »

Eunomart - présentée par Violette Taquet, fondatrice et directrice générale

« Nous travaillons dans le domaine de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Depuis 2020, l’Europe impose des normes importantes dans ce domaine. Nous avons créé un logiciel, sorti cette année, qui permet de centraliser toutes ces démarches légales afin de garantir la conformité d'une transaction. Nous comptons aujourd'hui plus d’une cinquantaine d’utilisateurs, notamment des commissaires-priseurs, des antiquaires... Nous prévoyons de développer cette année le logiciel aussi en Belgique et en Suisse, et en 2024 dans toute l’Europe. Notre but est de fournir tous les outils pour répondre aux questions de nos clients en matière de législation et de transparence. »

Navigating.art - présentée par Martin Lorenz, directeur général

« Dans le monde de l'art d'aujourd'hui, de nombreuses informations inestimables sont encore cachées dans des boîtes ou stockées dans des caves et des entrepôts, inaccessibles au propriétaire ou aux acteurs intéressés, tels que les successions, les artistes, les collectionneurs, les chercheurs... À moins d'être converties dans un format accessible, les informations contenues dans les documents d'archives restent largement inconnues. Après quatre années de développement, nous avons depuis avril 2021 mis en place une plateforme, qui permet de collecter, d'organiser et de publier en ligne des données. La plateforme permet aux artistes, aux successions, aux institutions et à d'autres organisations de créer des catalogues raisonnés, à usage interne ou externe, de préserver des informations précieuses et de solidifier l'héritage des artistes, tout en ouvrant des possibilités de collaborations et créant de l'accessibilité dans le monde de l'art et de la recherche en histoire de l'art. ​​​​»

Plinth - présentée par Fanny Legros et Carole Vigezzi, cofondatrices

« Plinth est une plateforme innovante créée en novembre 2020 et sortie commercialement en septembre 2022, dédiée au remploi de matériaux dans le secteur de la culture et principalement des arts visuels, dans lequel nous sommes actives depuis plus de dix ans. La question des déchets s’est imposée à nous - comment est-il possible de jeter autant ? Nous avons donc développé un outil pratique, sous forme de catalogue avec des annonces publiées, à la croisée du Bon Coin et de Too Good to Go. La différence est que le modèle économique n’est pas basé sur le marketplace, mais sur des dons entre nos utilisateurs, qui disposent pour 90 euros par mois d'un abonnement sans engagement pour être mis en contact. Rappelons que la durée d’utilisation des scénographies varie entre 4 jours (foires) et 6 mois (expositions), et que la plupart des matériaux utilisés sont nobles et durables, il n’y a pas de raison de les jeter. Comme exemple, donnons la galerie Eric Mouchet, qui a récupéré huit socles pour 90 euros en septembre. Ensuite, au mois d’octobre, elle a sollicité 6 nouveaux socles, aussi pour 90 euros, et a remis en ligne les huit premiers via Plinth. Donc ces socles ne cessent de fonctionner depuis. Notre slogan est "Réduire tout en économisant". »

Keynote : « Art Tech, comment les technologies on chain aideront les artistes à protéger et à promouvoir leurs œuvres ? », par Jodouin Mitrani (Minteed)

Cofondateur et directeur général de Minteed, plateforme technologique investie dans la mise en relation des créateurs et des collectionneurs dans le Web3, Jodouin Mitrani s'interroge : « Comment embrasser cette nouvelle technologie, compliquée, que certains ont déjà commencé à manipuler mais qui fait peur à d’autres ? Notre ambition est de la simplifier pour les collectionneurs, les galeries, les musées… C’est une nouvelle façon de se connecter avec le marché de l’art. Finalement, le NFT d’il y a un an est mort lorsque la deuxième crise crypto est arrivée. Mais il donne lieu aujourd’hui à un terrain de jeu très important pour les créateurs, qui leur permet d’exploiter tous les champs possibles : gaming, arts visuels... C’est une porte d’entrée vers une quantité importante d’expériences créatives. » Avec l'émergence du métavers, un nouvel univers des possibles s'est ouvert aussi pour les collectionneurs et les institutions. L'entreprise qui s'appuie sur la blockchain, a annoncé avoir levé 3 millions d'euros en 2022 pour développer ses services, comprenant notamment la génération de NFT, la création de galeries virtuelles sur le métavers, la mise en place de smart contracts assurant l'inviolabilité des oeuvres, ou la gestion des ayants droit des artistes du Web3. Selon Jodouin Mitrani, « Minteed est avant tout une plateforme pour réinventer une expérience art store et découvrir de nouveaux talents. C’est une façon de se connecter à des communautés et de diriger des collections en tant que curateur ou galerie. On permet aux artistes de s’exprimer dans un environnement totalement nouveau. Les institutions culturelles peuvent travailler de façon plus intime avec les collectionneurs. Enfin, s'ouvre la possibilité de créer nos propres univers et galeries virtuelles. C’est toute la culture de la philanthropie qui est aujourd’hui changée. »

Keynote : « Le marché de l’art en mouvement / Asian art market », par Arnaud Revert (vice-président de Crozier)

Vice-président de l'entreprise de transport d'œuvres Crozier, Arnaud Revert a éclairé le sujet de la globalisation du marché de l'art, qui implique en particulier la montée en puissance du marché asiatique et des questions de mobilité à l'aune de la crise écologique. Crozier, un des leaders du secteur de la logistique d'œuvres, a été fondé en 1976. L'entreprise compte aujourd'hui plus de 600 employés et opère désormais sur 3 continents - s'ajoutant aux quartiers généraux de Londres, Los Angeles et New York, elle est aussi présente à Hong Kong depuis l'été 2022 et vient d'ouvrir une antenne à Paris à l'automne. Fort de ce parcours, Arnaud Revert est revenu sur le développement du marché et ses dernières nouvelles : « En 2021, le marché de l'art à Hong Kong a été presque aussi fructueux que celui de Londres. Il y a seulement 10 ans, ce dernier était 10 fois plus grand que celui de Hong Kong. Le marché asiatique est très diversifié : les artistes locaux et européens se le partagent. La montée du marché asiatique est tirée par une croissance de l'économie locale. Il existe sur le continent une dynamique intéressante, car Séoul, Tokyo et Singapour se disputent la deuxième place - si ce n'est la première. » 2022 a également été marquée par la reprise en force des foires, et donc de la fameuse question de l'impact écologique du transport d'œuvres. Face à cette problématique, qui touche Crozier, Arnaud Revert note : « En tant que marché, nous pouvons faire mieux et inspirer d'autres industries, tout comme l'art inspire tout ce qui l'entoure. La question est de savoir comment nous pouvons aider nos clients à réduire leur empreinte écologique, afin que les amateurs d'art puissent continuer à apprécier l'art. Le fret maritime permet de réduire de 80 % les émissions de carbone par rapport au fret aérien. Cependant, il prend plus de temps. Les véhicules électriques jouent également un rôle important. En ce qui concerne le stockage, nous avons adopté une approche de durabilité par la conception. À Paris, pour les nouveaux locaux, nous avons beaucoup investi dans l'isolation. »

Cet article clôt le bilan de l'édition 2022, dont les précédents comptes rendus ont été publiés les mercredis 11 et 18 janvier. Confirmant son ambition d'être un forum stimulant du marché de l'art, le prochain Art Market Day vous donne rendez-vous en novembre 2023.