« Zan, zendegi, azadi » : femme, vie, liberté. En quelques mois, ce slogan a fait le tour du monde, scandé, tagué, chanté dans les manifestations spontanées provoquées en Iran par l’assassinat, le 16 septembre, d’une jeune femme kurde, Mahsa Amini, par la Gasht-e Ershad (police des mœurs) pour avoir laissé dépasser une mèche de cheveu de son hijab. Si le soulèvement est inspiré et porté par les féministes iraniennes – le premier sans doute d'une telle ampleur dans l'histoire –, les revendications vont au-delà de la liberté de porter ou non le foulard : ainsi les hommes se sont-ils joints au mouvement pour réclamer la fin de l'oppression exercée depuis 1979 par la République islamique, tenue depuis 1989 d'une main de fer par l'ayatollah Ali Khamenei. Depuis septembre, au moins 481 personnes (dont 64 enfants) ont été tuées par les forces de l’ordre d'Iran et au moins 109 manifestants, aujourd’hui emprisonnés, risquent la peine de mort. Dans un rapport en date du 9 janvier, l'ONG Iran Human Rights attire l’attention sur « l’intensification de la répression par le biais d’arrestations arbitraires, sévices corporels, agressions sexuelles et viols en détention ». Comment, dans un tel contexte, le milieu de l’art iranien continue-t-il à exister ? Et comment les artistes, professeurs et étudiants en art sont-ils engagés dans ce soulèvement ?
« À notre époque, avec les réseaux sociaux, un artiste peut communiquer son message et son travail au monde entier et influencer de nombreuses personnes, analyse Mohammad*. Le rôle des artistes dans les actions actuelles est très impressionnant. Informer fait partie du devoir des artistes. » C'est aussi l'opinion de Zahra*, jeune artiste vivant à Téhéran : « En raison des années d'oppression gouvernementale et de la dépolitisation des espaces de l'art officiel, il y a un fossé entre les artistes et la société. Maintenant nous devons prendre le temps de renouer ». Or, prendre position et défendre la contestation en public ou sur les réseaux sociaux est très risqué : à la fin du mois de décembre, Arash Ghanbari, un jeune homme de 29 ans, a été arrêté pour avoir posté sur son compte Instagram des textes et vidéos anti-régime. Accusé de « moharebeh » (guerre contre Dieu), il risque la peine de mort. L’artiste et écrivain Mehdi Bahman est également…