Une solution à l’amiable est actuellement recherchée pour récupérer le mobilier du château de Grignon (Yvelines). Tout commence lorsque l'école AgroParisTech (sous tutelle des ministères de l’Agriculture et de l’Enseignement supérieur) se délocalise, délaissant le site dont elle est propriétaire pour venir s’installer sur le plateau de Saclay. À cette occasion, la Direction nationale d’interventions domaniales (DNID) organise fin juin la vente aux enchères des meubles de ce monument historique, qui appartiennent à l'État. Alors même que certains lots sont exceptionnels, les estimations sont dérisoires et les adjudications ne le seront pas moins. Ainsi, une console en bois de 1780 a été mise à prix à 40 euros et adjugée pour 2 250 euros. Revendue quatre mois plus tard, elle atteindra 13 000 euros. Idem pour un ensemble de sièges Louis XVI du célèbre ébéniste Jean-Baptiste Sené, acheté 6 240 euros, alors que sa valeur se situe entre 300 000 et 500 000 euros. Point névralgique de cette négligence : le Mobilier national n’a pas été sollicité préalablement à la vente. En effet, ces meubles provenant d’un monument historique auraient dû être inspectés en amont par cet établissement public du ministère de la Culture, afin de l’évaluer et de donner ou non son aval pour la vente, conformément à l’article D.113-16 du Code du patrimoine. Pensant qu’il s’agissait de mobilier de style sans grande valeur, et non d’époque, la DNID reconnaît son erreur. Son directeur, Alain Caumeil, admet que certains meubles n’auraient jamais dû être vendus. La DNID et le Mobilier national ont engagé des pourparlers avec les acquéreurs pour tenter de récupérer le mobilier bradé. À défaut d’accord, une action judiciaire sera engagée pour faire annuler la vente, le cadre légal imposé par le Code du patrimoine n’ayant pas été respecté. L'avenir du château de Grignon est, quant à lui, incertain : alors que l'État a renoncé pour le moment à le vendre, il accueille cet hiver 200 personnes sans-abri dans le cadre du plan « grand froid ».