Paul de Cordon
Galerie de l’Instant
La grâce circassienne
Parmi les quelques photographies choisies par Julia Gragnon, directrice de la galerie de l’Instant, pour représenter Paul de Cordon (1908-1998), il y a des portraits – Françoise Hardy, plus belle que jamais dans un clair-obscur parfaitement maîtrisé, Jacques Brel –, et puis des nus, celui du corps blanc et long de Rita Renoir, sublime danseuse au Crazy Horse, sur fond noir. Des coulisses, aussi, où les danseuses se reposent et fument une cigarette, dans un instant de répit qui donne à leur corp nus et leurs sourires une grâce touchante. Mais ce sont ses photographies de cirque, certes ses plus célèbres, qui sont les plus remarquables. Deux clowns de petite taille qui ajustent leur maquillage dans un miroir de poche, tour à tour facétieux ou concentrés. Le dompteur Manzano en pleine répétition, les yeux froncés lorsqu’il passe sa tête dans la gueule d’un lion. Plus fou encore, le même dompteur allongé par terre, enlaçant le lion comme s’il s’agissait d’une amoureuse, dans une étreinte ahurissante de tendresse et de risque. C’est tout le sel des photographies de Paul de Cordon, dont l’album le plus célèbre s’intitule Instants de cirque (1977) : une invitation troublante dans l’arrière-salle du cirque, qui sent la…