Il est primordial pour un artiste de disposer d’un texte critique de qualité sur son travail. C'est le souhait d'encourager ce format d'écriture qui est à l'origine des bourses Ekphrasis, lancées par l'ADAGP en association avec l’AICA France et le Quotidien de l’Art : elles ont pour objet de mettre en relation 10 artistes avec autant de critiques. Les textes des 10 lauréats de cette deuxième édition (dotés chacun de 2 000 euros, couvrant la rédaction du texte et sa traduction) sont publiés au long de l'année dans le Quotidien de l'Art, au rythme d'un par mois. Dans cette dixième livraison, Lillian Davies se penche sur le travail d'Aurélia Zahedi.
Après ma première nuit à Maison Auriolles, un centre de recherche co-fondé en 2018 par l’artiste Aurélia Zahedi, j’ai trouvé un mot sur la table de la cuisine écrit sur papier rose : « Je suis allée jouer de l’orgue. De retour à 9h30. »
Comme Zahedi m’avait vanté l’énergie vitale du Lot, rivière accessible par un petit chemin depuis la propriété ancienne qui accueille le centre, j’avais décidé d’y plonger. Plus tard dans son atelier, avec une tasse de verveine de son jardin dans les mains, Zahedi m’a expliqué que pratiquer l’orgue dans les églises environnantes, dont elle détient les clefs, c’est ça son petit déjeuner. Elle est attirée par cet instrument auquel on ne peut jouer qu’après une ascension à l’intérieur des nefs de pierre et par sa musique « qui accompagne les morts. » Parcourant les claviers avec ses mains et ses pieds, elle voit s’ouvrir les portes de son cerveau.
Zahedi a grandi dans le centre de la France. Elle a étudié les arts visuels à Avignon puis ensuite à la Villa Arson, où elle a présenté comme projet final une nature morte en tant qu’installation, Sans…