L’installation présentée par Abdelkader Benchamma à San Euno jusqu’au 26 octobre est le fruit d’un heureux hasard. Au printemps dernier, l’artiste apprend coup sur coup que Kultur Ensemble propose des résidences d’artistes à Palerme et qu’il est invité à participer au festival Sète Palermo (voir QDA du 13 septembre 2022). L’occasion pour lui de retourner dans cette ville où il avait été fasciné par les églises normandes, et de pouvoir poursuivre son travail sur les marbres symétriques entrepris à la Villa Médicis en 2018. Sur place, Federica Fruttero, la commissaire du festival Sète Palermo, et Roberto Albergoni, le directeur de la Biennale Arcipelago Mediterraneo (BAM) lui proposent d’intervenir dans l’église baroque désacralisée. Non pas sur les murs, mais explique Benchamma, « dans les niches, à l’endroit, où des œuvres ont été abimées par le temps et ont disparu. Ce qui est une manière de réactiver le lieu, de le faire revivre mais aussi de redonner du corps à l’église. » En juin, après avoir arpenté toutes les églises de la ville, c’est la révélation : « J’ai brisé ma règle du noir et blanc, la couleur s’est imposée ! » Dans des volutes sinueuses et vaporeuses, « une sorte de chaos qui commence à être agencé par les symétries du marbre ». Avec toujours, le même « désir de créer du trouble dans la perception » qui l’habite.
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