« Sold-out », l’expression revient sur les lèvres ravies, au milieu d’une foire noire de monde dès le premier jour de preview, le 19 octobre. Parmi la foule, on pouvait croiser aussi bien Brigitte Macron et Rima Abdul-Malak que Céline Sciamma et Scarlett Johansson, Suzanne Pagé, Laurent Le Bon, Glenn Lowry et Emma Lavigne, et les collectionneurs Bernard Arnault, Don et Mara Rubell, Dasha Zukhova, Chaim Zabludowicz, Maja Hoffmann... Aucun doute, le carnet d’adresses d’Art Basel a fonctionné. « Il y a eu un vrai travail du réseau Art Basel au niveau des VIP, constate Yves Zlotowski, dont le stand est habillé d’œuvres de Dubuffet, Le Corbusier, Pic Adrian, Stéphane Mandelbaum. On voit de nouveaux collectionneurs, beaucoup d’Américains, de Chinois, de Suisses. Nous avons déjà vendu sept pièces, nous sommes ravis ! » Le galeriste Guillaume Sultana – dont le beau stand montre des œuvres de Benoît Piéron, Jesse Darling et P. Staff comprises entre 2 000 et 20 000 euros (la plupart vendues) – ajoute : « On retrouve un public qu'on n'avait pas vu depuis longtemps à Paris. Il y a une énergie, une effervescence qu'on ressent tous et toutes ! »
Cet enthousiasme est partagé sur la plupart des stands. La Berlinoise Barbara Wien, Anika Matthes, est heureuse d'avoir pu rencontrer des « top collectionneurs qu'on cherchait à voir depuis longtemps ». Chez Ceysson-Bénétière, un peu plus de 40 pièces furent cédées en une demi-journée, entre 20 000 et 150 000 euros, notamment plusieurs de Nancy Graves et un grand Noël Dolla à 90 000 euros, parti au bout d'une heure. « C’est un record. On n’a jamais vendu autant de pièces dans un si petit stand en si peu de temps ! », lance avec le sourire François Ceysson. Chez Almine Rech, c'est aussi un sold-out avec notamment une belle toile de Brian Calvin entre 50 000 et 70 000 dollars, et une autre de Farah Atassi entre 75 000 et 80 000 dollars. Sur le stand de la galerie Templon, on sentait un frémissement autour d’un diptyque floral de Philippe Cognée et un grand Jim Dine. « Nous avons été surpris par le nombre d’invités ''First Choice'' et de collectionneurs, observe Anne-Claudie Coric, directrice de la galerie. Nous avons eu des visiteurs des États-Unis, d’Amérique latine, de Chine, de Turquie. On n’a jamais vu un tel empressement autour de l’ex-FIAC ! » Fleuron du stand : un grand tondo de Kehinde Wiley parti en mains privées pour 880 000 dollars.
Créer l'évènement
Même son de cloche chez Nathalie Obadia, où les œuvres de Fabrice Hybert, Robert Kushner, Martin Barré, Laure Prouvost et Guillaume Leblon n’ont pas attendu pour séduire les collectionneurs. Idem chez Perrotin où des pièces de jeunes artistes, particulièrement mis en lumière, sont parties très vite, telles un Tavares Strachan à 150 000 dollars ou une peinture d’Emma Webster vendue entre 100 et 150 000 dollars. Chez Thaddaeus Ropac, trois dessins de Baselitz se sont envolés à 100 000 euros chacun, une sculpture de Ron Mueck à 972 000 euros, un Daniel Richter à 340 000 euros, aux côtés d’un immense Sigmar Polke en attente de trouver preneur pour 4,7 millions d’euros. Dès le milieu d'après-midi mercredi, les galeries les plus importantes avaient déjà fait recette au-delà de leurs espérances, David Zwirner annonçant dès 16 h un chiffre d'affaires de 11 millions de dollars...
Si la peinture est très présente et les solo show rares, ils semblent avoir eux aussi remporté un succès certain : Chris Sharp avait déjà vendu presque toutes les peintures de Sophie Barber, dont Renoir loves me, acquise autour de 28 000 euros par une collection privée parisienne. Christian Berst avait quant à lui cédé les deux tiers de son stand consacré à Eric Benetto (entre 5 000 et 25 000 euros) à des collectionneurs privés. Pour sa première participation à une foire organisée par Art Basel, il confiait admirer « la capacité à créer l'évènement de manière si remarquable ».